I'm here without you baby
But you're still with me in my dreams
And tonight it's only you and me


J'aimerais pouvoir dire que je l'ai oublié. Qu'il n'est plus rien à mes yeux, à part un vague et très ancien souvenir qui m'importait peu. J'aimerais pouvoir me faire à l'idée que plus jamais il n'y aura de ' nous ', que ce ' nous ' est révolu, autant dans son coeur, que dans le mien. J'aimerais aussi pouvoir dire qu'il a été un garçon comme les autres...que je l'ai aimé de la même façon, et que mes sentiments ont fini par s'estomper, avec le temps, comme avec tous les autres garçons. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas, parce que je ne suis pas du genre à vouloir me voiler indéfiniment la face. Lucas était toujours là, au plus profond de mon coeur, et dès que je le voyais, je le sentais près de moi, mon coeur tambourinait un peu plus fort, me suppliant de tout extérioriser, de tout lui dire, de tout faire pour que ça s'arrange. Mais je sais aussi, que ça, ça serait m'abaisser aux choses que je n'ai jamais fait...et aussi que de toute façon, même si j'avouais tout ça ne changerait rien ; on était peut être pas fait pour être ensemble finalement. Avant lui, j'étais la personne la plus renfermée qu'on puisse connaitre. J'étais du genre à râler tout le temps, à toujours montrer le négatif, et à oublier de dire un mot gentil quand l'occasion se présentait... Mes parents m'avaient fait souffrir toute ma vie, sans que je sache rééllement pourquoi, leur abandon m'a sûrement donné un sentiment d'infériorité que je tente de cacher avec une fausse agressivité. Je ne connaissais pas l'amour, et je ne voulais pas le connaître....Voyant les nombreuses difficultés liées aux relations amoureuses, j'avais décidé que ça n'était pas pour moi. Pleurer n'était pas mon fort, et souffrir, encore moins. J'étais bien, finalement, toute seule dans mon coin à ruminer contre des gens que je ne connaitrais jamais. Et puis Lucas était apparu dans ma vie. Une apparation somme toute, discrète, mais tellement importante. J'avais déjà croisé son regard durant de nombreuses reprises, mais jamais je n'avais pu imaginé qu'il deviendrait ce qu'il a été pour moi...ce qu'il est encore d'ailleurs. Sans que je sache, et en moins de temps qu'il faut pour le dire, il avait pris une drôle de place dans mon coeur. Il était devenu l'un de mes meilleurs amis, je lui confiais tout, ou presque, et je passais mon temps à faire n'importe quoi en sa compagnie. J'avais besoin qu'il me remarque. J'avais besoin qu'il m'appartienne, à moi, rien qu'à moi, et pour le reste de ma vie...comme mon coeur, qui lui appartenait déjà alors qu'il n'en savait rien. Mon coeur, et même tout mon corps entier criait, hurlait de douleur d'enfermement. Il se serrait davantage lorsque je sentais son odeur si envoûtante, et pleurait de désespoir quand je n'arrivais pas à me lancer une bonne fois pour toute. Toute seule, et sans l'aide de personne, j'arrivais à écorcher mon coeur, un peu plus tous les jours, tentant vainement de me faire croire que je ne ressentais rien pour Lucas, qu'il n'était qu'un ami, comme Armand. Et puis un jour, sans que je sache comment, j'ai fini dans ses bras, à l'embrasser...comme je le souhaitais depuis de nombreux mois.


Ca a duré des mois. 12 au total. Une année de pure folie. Une année de pur amour. Une année où je me suis autant prise la tête que de retenue, une année où je passais des larmes au sourire, où j'apprenais pour la première fois la notion de jalousie, la notion de drogue, de besoin...Parce qu'au fil des mois, ma relation avec Lucas devenait de plus en plus forte, de plus en plus passionnée... et devenait par ce fait, un calvère dont j'avais envie de mettre fin, lorsque j'étais en colère contre Lucas. En effet, il n'était plus seulement mon petit ami, il était mon oxygène, ma bulle d'air, j'avais un besoin constant d'être avec lui, sinon je sentais que tout irait de travers, que j'étais fragile, que je ne m'en sortirai pas... Ma présence était insupportable, comme la sienne pour moi, mais on ne pouvait pas s'en empêcher...parce qu'on était devenus dépendants l'un de l'autre. Parce qu'on préférait être malheureux ensemble, plutôt que d'être heureux séparés. Certaines de mes amies me prenaient pour une folle, me forçant à voir la réalité en face ; Lucas me faisait à présent plus de mal que de bien. Mais je m'en moquais littéralement. Je me moquais de souffrir, de pleurer tous les soirs, tout ce qui comptait c'était lui, c'était moi, c'était nous...et tant pis si on ne nous comprenait pas, tant qu'on était ensemble. Et puis il y a quelques mois, tout s'est arrêté...en un simple échange, j'étais passée de la petite amie de Lucas, à rien du tout, je redevenais moi même, j'avais à nouveau du temps pour ma petite personne...mais ce temps, je n'en voulais pas. Longtemps, je suis restée dans ma chambre, à passer l'été à me morfondre, parce que mon coeur pleurait...je le sentais brisé tout au fond de moi, je sentais que le seul qui pourrait recoller les morceaux était Lucas...mais il n'était pas là. Il n'était plus là. J'étais toute seule, en tête à tête avec moi même, à me demander ce que j'allais devenir...comme si j'avais oublié tout le reste de ma vie sans lui, comme si je ne savais plus comment respirer sans lui. J'étais comme une droguée en manque, qui préférerait mourrir plutôt que de vivre sans son addiction...parce que cette addiction était devenue ma vie. Toute ma vie. Et puis, je ne sais comment, je me suis relevée...encore trébuchante, je l'admet, mais j'étais là, j'étais de nouveau moi, prête à l'affronter s'il le fallait.


Et puis, je n'en eus pas le temps. Parce que la guerre s'est déclarée dans le monde magique, et que j'en ai pris part. Devenue une opposante au ministère et donc à mes nouveaux professeurs, je m'efforcais avec une bande d'amis, de faire tourner en bourrique Poudlard, de les provoquer, jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus. Lucas faisait aussi partie de la bande, mais j'évitais de m'en mêler quand il était là...le temps n'avait pas encore tout à fait, fait son deuil. J'avais, aujourd'hui, fait un sale coup au professeur Tyler Carlson - le cinglé - avec mon amie Amber, et toutes les deux nous étions au courant qu'il savait que c'était nous...On allait passer un mauvais quart d'heure, surtout s'il nous trouve tout de suite. Il fallait qu'on se cache. Oui mais comment ? Amber avait disparu de ma vision, et j'espérais qu'elle avait pu trouver un endroit où Carlson ne la trouverait pas. Je courrais un peu partout dans l'école, sachant très bien que ces idiots de Serpillières me trahiraient sans la moindre hésitation...mais merde, il n'y a pas de planque dans le coin ?! Je tournais ma tête de tous les côtés, cherchant en premier lieu à me calmer...alors, on s'empara de mon bras avec douceur et force à la fois, et on me poussa derrière un cadre, dans une sorte de passage. Mon coeur battait de plus en plus fort, j'avais peur que ça soit ce sadique de professeur qui m'ait trouvé...mais il n'en était rien. C'était lui. Lucas. Je le regardais alors bizarrement, reprenant doucement mon souffle. " Mais...qu'est ce que tu fais ici ? Et on est où d'abord ? " Je soupirai alors, reprenant un rythme de débit de parole normal. Je m'avançais alors un peu plus vers lui, et je murmurai alors " Tu...tu sais que tu aides quelqu'un que tu ne devrais pas Lucas ? " Je souris alors, en sentant son odeur m'enivrait les narines. Je savais que je devais partir d'ici avant de reprendre goût à lui, à nous...mais mes jambes ne voulaient pas m'obeir. Et mon coeur, non plus.