Heads, I win - Tails, You Lose || Lucy

Heads, I win - Tails, You Lose || Lucy Qqsw80

Tout semblait n'être que débauche dans Poudlard ces derniers temps, surtout aux yeux de Nathanaël. Certes, sa vision n'était pas très représentative de celle des élèves de l'école de sorcellerie en général, mais son arrogance l'amenait à penser que sa manière de voir les choses ne pouvait qu'être la bonne. Allongé sur un lit dont il n'était pas vraiment sûr qu'il soit sien, le Serdaigle était perché très loin au-dessus des nuages. Il aurait été incapable de dire quelles étaient les substances exactes qu'il avait absorbées pour arriver à cet état, mais il s'en moquait royalement, se sentait bien et souhaitait que cela ne se termine pas. Nombreux sont les qualificatifs péjoratifs que l'on aurait pu employé pour le décrire à cet instant précis, mais rien ne pouvait le sortir de cet état. Il fallait attendre qu'il termine son trip, qu'il revienne à lui, que la réalité et la cruauté qu'elle amène avec elle reprennent leurs droits sur son enveloppe corporelle qu'il détruisait un peu plus chaque jour. Les drogues anéantissaient sans doute son corps, mais elles libéraient son esprit.

Pauvres de vous, je vous plains, tous autant que vous êtes. Vous qui ne goûterez jamais aux plaisirs des substances illicites que je possède, vous n'êtes pas des hommes, vous n'êtes que des esclaves, les esclaves d'un monde qui vous possède et vous détruit, auquel vous obéissez aveuglément, alors que le temps s'écoule et vous rapproche chaque seconde un peu plus de la mort. Vous espérez atteindre un bonheur qui ne sera qu'illusoire et éphémère, alors que je pourrais vous offrir bien plus que cela. Je pourrais vous montrer le chemin du paradis, vous guider parmi les anges, et vous apprendre à vous faire une place au ciel. Si seulement vous vous rendiez compte à quel point je vous domine, vous n'êtes que des moutons, je pourrais aisément devenir votre berger. Mais le proverbe dit qu'heureux sont les simples d'esprits. Restez donc dans votre ignorance, et laissez-moi jouir de ces lieux dont je suis le seul maître.

Les minutes s'écoulèrent, et le poison cessa peu à peu d'agir sur le jeune homme, qui revint à lui sans en avoir vraiment envie. Nathanaël ne parvenait plus à bouger, ses membres étaient beaucoup trop lourds, et chaque geste était un véritable supplice, qui lui demandaient des efforts qu'il était incapable de fournir. Un mal de crâne se fit soudainement ressentir, lui faisant haïr ce corps qui le faisait souffrir. Il aurait bien repris une nouvelle dose, mais n'avait pas la moindre envie de bouger, allongé comme une masse dans un lit bien trop confortable pour qu'il ne veuille le quitter. Les coussins étaient d'ailleurs imprégnés d'une odeur fruitée agréable, celle d'une fille qu'il n'avait pas eu la chance de connaitre comme il l'aurait souhaité. Au fond de lui, il aimait penser que ce n'était qu'une question de temps avant que cela ne se produise.

Soudainement, alors que le sommeil allait l'emporter, la porte du dortoir s'ouvrit et laissa entrer une jeune femme que le Serdaigle mit un temps avant de reconnaitre. Lucy Whisperer, l'une des rares personnes que Gemmell ne supportait pas mais dont il ne pouvait pourtant pas se défaire. Habituellement, les personnes qui l'agaçaient, il se contentait de les ignorer, de placer quelques répliques bien cinglantes en les croisant afin de les remettre à leur place, mais avec cette demoiselle, la tâche était loin d'être aussi aisée. Elle avait de la répartie, ne se laissait pas faire, et le pire dans tout cela, c'est qu'elle revenait toujours à lui, l'empêchant ainsi de faire comme si elle n'existait pas. Le fait de partager le même dortoir n'aidait sans doute pas à régler le problème. Après avoir poussé un soupir bien prononcé, Nathanaël passa à l'attaque.

Nate - Je me demandais si mon mal de crâne allait empirer, maintenant je sais que oui.

Viens ma chère, entre dans mon jeu. Je ne te connais que trop bien, et je sais que tu es la seule capable de t'abaisser à mon niveau, de descendre jusqu'à moi pour m'affronter. Mais tu ne gagneras jamais, tu n'es pas à ma hauteur, tu ne peux pas vaincre le diable sur son terrain de jeu favori. Cependant, essaie toujours.

Nate - Je serais prêt à parier dix gallions que je suis allongé sur ton lit, Whisperer. Un sourire franc se dessina sur ses lèvres avant qu'il ne reprenne. Avoue que tu aurais adoré m'y voir dans d'autres conditions.

Son regard se planta dans celui de sa camarade, pénétrant. Il ne cèderait jamais du terrain, pas avec elle, c'était impensable. Le problème n'était pas de savoir qui allait gagner ou perdre, tous deux savaient pertinemment que ce jeu ne verrait aucun vainqueur. Tout était devenu une question de savoir lequel prendrait l'avantage sur l'autre, car depuis des années, malgré tous les efforts de Nathanaël, ce dernier ne parvenait pas à la déstabiliser. Et même s'il ne l'avouerait jamais, le Serdaigle adorait cette relation, ce défi que lui avait lancé Lucy, et il ne comptait pas lâcher de sitôt.

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Nate && Lucy, c'est comme une rencontre d'un pershing && d'un SS-20 pendant la guerre froide. Ca fait mal.

Cela faisait à peine quelques mois que j'étais de nouveau à Poudlard et déjà, j'avais hâte d'être au mois de juillet... C'est vrai, et je ne le nierais jamais, Poudlard était ma maison...une maison, là où on se sent chez soi, c'est génial, une sorte de cocon dont on n'a pas envie de sortir...où on se sent le mieux au monde. Et puis parfois, vous étouffez, vous avez besoin de vous isoler, d'être seule un moment pour pouvoir réfléchir, tranquillement et poser des mots, des idées sur ce que vous pouvez ressentir à ce moment même. C'était mon cas. Je ne pouvais tout de même pas dire que tout allait mal dans ma vie, et que j'étais le genre d'adolescent boutonneux à vouloir se suicider parce que de toute façon "la vie c'est nul et ça sert à rien. Ouai ! Vaut mieux la mort ! Au moins je serai en paix et plus jamais je ne vous verrai ! Parce que de toute façon je vous hais tous ! Bande de trolls ! ". Non vraiment, je n'en étais pas arriver à ce mélo-drame...Enfin, avant de savoir que j'allais passer un petit moment avec Nathanaël Gremmell, alias le chiant qui dort à côté de moi depuis déjà cinq ans. Oui, rien qu'à l'idée de cette entrevue...eurk. Enfin, vous comprenez.
Je n'avais jamais eu de maison...Et non, l'orphelinat n'est pas la splendide sweet home. C'était juste un orphelinat, trop plein, où je devais cotoyer des gens que je n'aimais pas, des gens qui ne me correspondait pas, et qui voyaient la magie d'une autre façon que la mienne. Des gens dangereux en somme, que je venais, sans le vouloir, de retrouver à Poudlard. Ca ne faisait que quelques semaines...Et une voix au fond de moi, me poussait à claquer la porte de Poudlard. Je le pouvais, c'est vrai...j'étais majeure maintenant. Seulement, quelque chose, voire même plusieurs choses me retenaient ici... Je savais déjà, qu'il ne fallait pas laisser Carlson et compagnie dirigeaient notre école. Par honneur...et par fierté mal placée, j'avais décidé avec quelques amis de détruire, tout ce qui était possible de détruire. Bien sûr, je passais beaucoup de temps en salle de torture...et quelque fois le doute m'envahissait, me disant que je devrais arrêter tout ça. Que c'était trop dur. Que je n'étais pas faite pour combattre sur différents fronts. Ca ne durait jamais longtemps...mais juste trop longtemps pour une opposante au ministère. Je finissais toujours par retourner vers le ' droit chemin ' avec plus ou moins de doutes, de peur, d'angoisse...Après tout, je n'étais pas plus courageuse qu'une autre.

Du repos. Ce que je souhaitais le plus au monde. De m'enfermer dans un endroit, seule, pour des heures de calme, de paix...Ces guerres insésentes me pompaient toute mon énergie pour travailler, pour réussir... C'est vrai quoi. Si on est à Poudlard c'est pour apprendre beaucoup de choses, et ainsi trouver un emploi assez bien pour vivre une belle vie. On était pas là pour se créer des amis, des relations amoureuses...non tout ça c'était du bonus. A vrai dire, je me dis parfois que j'aurais dû ne pas me mêler autant à la foule, en restant seule et isolée ; j'aurais eu beaucoup moins de problèmes. Mais voila, on a beau se faire quelques amis, on obtient le double d'ennemis...d'inombrable personnes qui vous énervent, vous agaçent, à vous faire perdre la tête, à vous donner envie de vous jeter sur vous même le sort d'Avada Kedavra. J'avais besoin d'aller ailleurs, de décompresser, de rire pour rien, tout simplement. Seulement, je ne sais quoi ou plutôt qui, avait décidé que je ne serai pas débarassé de mes ennemis aujourd'hui. J'avais tellement mieux à faire... et pourtant, j'allais encore passer une partie de ma journée à me battre contre des gens qui n'en valent pas la peine. Après le gros lourdeau d'Hadeys, j'allais me retrouver face à mon horrible voisin de lit ; Nathanaël. Encore une fois, j'avais envie d'être tranquille, de pouvoir respirer un autre air, de faire le point. Je sortais à peine de mon cours de Sortilèges et Enchantements que je décidai en accord avec moi même, de prendre du repos, et du temps pour moi, en allant dans mon dortoir. Malheureusement, mes amis me préssèrent pour aller faire une petite blagounette à Tyler Carlson le terrible. Pourquoi pas, de toute façon, je n'avais pas tellement le choix non plus. Seulement, j'étais tombée sur les débiles de première et deuxième année...alors vu qu'ils manquent d'organisation, de stratégie et même d'intelligence, ils se sont fait avoir, et emmenés en salle de torture. Et donc, moi par la même occasion. Ca m'apprendra à écouter mes supers amis. PFF. Mais bizzarement, le professeur Carlson fut étonnement ' gentil '. Pas trop de méchanceté...sûrement parce que les trois quarts de ces gosses étaient de sang pur et qu'il ne souhaitait pas trop les amocher. Sortie de cet enfer après une petite heure, je pris le temps pour réprimander mes petits camarades et leur dire que de toute façon, il n'avait rien à faire ici, à jouer les super héros ; ils n'en avaient aucunement l'étoffe. Comment ça je parais garçe et hautaine ? Tant pis.

Montant les escaliers avec hâte, j'ouvris la porte du dortoir en ne faisant pas attention à qui pourrait s'y trouver. Je savais les autres en cours, qu'est ce qu'ils viendraient faire ici ? J'avançai vers mon armoire, histoire d'enlever ma robe de sorcier et de m'habiller de façon... plus moldienne. Je me tournai alors vers mon lit, prête à me déshabiller, quand surprise, je sursautai, voyant cet affreux drogué sur mon lit. Ah le dingue ! Il a osé ! Ca fait déjà cinq ans que je suis obligée de l'avoir dans mes pattes...toujours là pour les sales coups (surtout dirigés contre moi), ce gars est insupportable. Il se croit mieux que tout le monde, comme si c'était finalement LE gars cool de Poudlard. Pff...pauvre type. Je passe ma vie à m'engueuler avec lui, et pourtant rien n'y fait. On pourrait s'ignorer...mais, il semblerait que nous n'y arrivons pas. C'est comme si nos disputes étaient rentrées dans une sorte de routine, une sorte de dépendance bien étrange et bien paradoxale entre nous deux, comme si l'un ne pouvait pas vivre sans emmerder l'autre. Les bras croisés contre ma poitrine, je le regardai avec une étrange lueur dans mes yeux : celle de lui en faire baver le plus possible. Le pourrir. Pour qu'il parte une bonne fois pour toute de ma vie. Bien que j'y pense avec beaucoup d'envie, je sais aussi que j'en serai incapable. Pourquoi ? Je ne sais pas. " Si j'avais la possibilité de te faire tellement mal que ta tête explose, et que je ne la vois plus jamais, je le ferai sans aucun doute. Crétin ! " . Lui et moi, c'était une sorte de guerre. Une guerre sans fin. Tout ça pour notre pauvre divertissement. Et puis de toute façon, je le déteste ce type, il est chiant, bof, et moche. Moche ? Hmm. En effet, il était sur mon lit. Entrain de se droguer, comme à sa grande habitude...de toute façon, il fait toujours ça. Mais sur mon lit quand même ! C'est crade ! C'est qu'il ne tourne pas rond non plus...Je voulais mon lit. Maintenant. Et pour moi toute seule. Comment faire ? Un petit levicorpus ne serait pas mal, mais il est préfet...et je vais sûrement faire perdre des points à Serdaigle pour ça...en attendant, si je dois descendre plus bas que terre en faisant passer mon combat contre Nate avant ma loyauté pour Serdaigle, autant qu'il descende avec moi, ca serait plus drôle de cette façon. " Hahaha, ce que tu es adorable quand tu te drogues Nate chéri. " dis je d'un ton sarcastique. Vous imaginez ma douleur quand même ? Ca fait cinq ans que je me le coltine tout le temps, H24, sans pause, sans rien du tout. Il dort juste à côté de moi ! Je suis d'ailleurs encore assez surprise qu'il ne m'ait pas violé, depuis le temps. Je sortis ma baguette et avec une petite rotation du poignet, je projetai sur Nathanaël, le sort de LeviCorpus. Il était maintenant en l'air, et avec ma douceur habituelle, je le laissais tomber sur le parquet. " Oups ! " dis je avec un petit sourire en m'installant à sa place sur mon lit. Je savais qu'il y aurait des représailles...et c'est sûrement pour ça que je l'ai fait. J'adore jouer avec Nate, celui qui se croit si supérieur à moi. Mais en vérité, il est comme tout le monde dans cette école ; pathétique. Alors pourquoi il faut toujours que je revienne vers lui ? Je plantai mon regard dans le sien, alors que j'allais lui répondre. Il y avait aussi cette lueur dans ses yeux... Il était indescriptible. Juste, que pendant quelques secondes, j'étais incapable de dire un mot. Seulement quelques secondes, faut pas exagérer, je ne vais pas me taire juste parce que monsieur fait la forte tête. " Oh ! Oui, Nate ! Je rêve de coucher avec toi... tu ne peux pas t'imaginer à quel point. " dis je avec un sourire ironique sur mon visage. Sérieusement, je me moquais vraiment de lui là ? " Va plutôt te faire sodomiser par Carlson avant de vouloir être dans mon lit Gemmell. "

Un strip-tease improvisé aurait été le bienvenu, surtout de la part d'une jeune femme qui ne me supporte pas, mais malheureusement, Lucy m'a repéré, et je ne peux m'empêcher de lui lancer une remarque acerbe, une fois de plus. Aux yeux de beaucoup, cela pourrait paraître comme étant un jeu malsain, mais c'est bien moins surprenant quand on connait mon vrai caractère, qui ne peut qu'entrer en collision avec celui de Whisperer. Un véritable comportement de gamins, je ne le vois que trop bien, mais tout au fond, je ne peux m'empêcher de me créer des relations destructrices. Détruire l'autre, tout en me détruisant moi-même, tuer ces sentiments qui refont surface et que je pensais avoir supprimé pour toujours de mon coeur de pierre. Non, il faut que je m'y fasse, mon coeur n'est pas de pierre, et ma simple volonté n'est pas parvenue à mettre fin au Nathanaël gentil et serviable que j'étais, plus jeune. Il me faut trouver un moyen de le tuer, d'être ce manipulateur vil et cruel, celui que personne n'aimerait fréquenter, et que tous admirent pourtant. Ayez de moi cette image d'homme bon, et laissez-moi m'appliquer à détruire tout ce que je touche.

Lucy - Si j'avais la possibilité de te faire tellement mal que ta tête explose, et que je ne la vois plus jamais, je le ferai sans aucun doute. Crétin !
Nate - On passe déjà aux mots doux ma belle? Mais moi aussi je t'aime voyons.

Sa voix était d'une douceur sans égal, et son sarcasme était à son comble. Quand il s'agissait de jouer un rôle, Gemmell savait s'appliquer et être irréprochable, quelles que soit les circonstances - excepté quand il était sous l'effet d'alcools ou de drogues diverses bien entendu, n'en demandez pas trop. Les paroles de la jeune femme ne pouvaient pas le blesser, elles ne l'atteignaient pas, car les insultes n'étaient qu'un jeu aux yeux du préfet des bleu et bronze, il ne les utilisaient jamais, et aimait les recevoir, car elles lui prouvaient qu'il agaçait, et que son comportement faisait réagir. Sans doute ne le voyait-il pas, mais Nathanaël aimait se sentir important aux yeux des autres, que ce soit en bien ou en mal. Bien entendu, c'était beaucoup plus souvent en mal qu'on le considérait, mais il s'en contre-fichait, et aller même jusqu'à aimer cela, éprouver le besoin d'être détesté, juste pour sentir qu'il avait de l'importance en fin de compte.

Lucy - Hahaha, ce que tu es adorable quand tu te drogues Nate chéri.
Nate - Tu devrais essayer, mon amour, cela ferait ressortir le côté tendre que tu ne partages pas avec moi.

Alliant le geste à la parole, le jeune homme glissa la main dans la poche de sa veste, à la recherche de sa sacoche magique dans laquelle se trouvaient toutes les substances illicites qu'il possédait, mais avant même qu'il n'ait pu la trouver, il se retrouva suspendu en l'air, la tête en bas. Heureusement, cela ne dura pas bien longtemps, mais la chute sur le parquet fut assez douloureuse, et le mal de crâne du Serdaigle s'intensifia. Il aurait pu retirer des points à Lucy, juste pour la faire rager, mais ce n'était pas suffisant, il lui fallait quelque chose de bien plus marquant, un geste, une parole, quelque chose qui ne venait pourtant pas. Nathanaël plongea alors son regard dans celui de sa camarade, un regard pénétrant, et durant quelques secondes, le silence fut de mise, alors qu'un sentiment étrange envahissait Gemmell. Cependant, cela fut très bref, et la jeune femme reprit rapidement la parole.

Lucy - Oh ! Oui, Nate ! Je rêve de coucher avec toi... tu ne peux pas t'imaginer à quel point. Va plutôt te faire sodomiser par Carlson avant de vouloir être dans mon lit Gemmell.

L'image douloureuse traversa l'esprit de Nathanaël, mais il se reprit rapidement avant qu'elle ne le hante à jamais. Aucun doute à avoir, le caractère de la jeune femme ainsi que ses réparties en faisaient quelqu'un de redoutable, et tous deux s'étaient vraiment bien trouvé. Se redressant avec difficulté, le Serdaigle lança un regard en coin à Lucy avant de se relever et de dire d'une voix lente.

Nate - Je pense que Carlson préfèrerait tes fesses aux miennes, et je le comprends.

Oui, elle a beau être l'une des élèves les plus insupportables de cette école, elle n'en reste pas moins très séduisante, et ce serait me mentir que de prétendre que je ne veux pas finir l'une de mes soirée en sa compagnie - sous réserve qu'elle se taise, cela va sans dire. Je partage le même dortoir qu'elle depuis ma première année et je n'ai pourtant jamais tenté de l'attirer dans l'un de mes nombreux pièges, il faut admettre que c'est un exploit pour moi. Il ne m'a fallu qu'une soirée pour abuser de Jaya contre son gré et pourtant je n'ai jamais touché à Lucy, alors que la droguer aurait été un jeu d'enfant pour moi. J'ai beau chercher, je ne parviens pas à trouver d'explication. Peut-être est-ce parce que je ne parviens pas à l'envisager autrement que comme cette insupportable fille qui passe son temps à me provoquer alors qu'elle ne gagnera jamais, il y a également la possibilité que ma conscience m'en empêche, et m'interdise d'agir de nouveau comme un salopard innommable. Je trouverai l'explication un jour, du moins je l'espère.

Lentement, Nathanaël s'avança de nouveau vers le lit de la jeune femme sur lequel elle était à présent allongée, puis il la toisa de bas en haut, d'un regard sombre dans lequel brillait une lueur à la fois malsaine et amusée. Ils étaient seuls dans ce dortoir, en pleine journée, ce qui signifiait qu'il y avait de grandes chances pour que personne ne vienne les déranger avant un bon moment. Vous pouvez donc aisément deviner à quoi pensait le préfet en cet instant précis. En douceur, il se pencha au-dessus de sa camarade, s'appuyant sur le sommier, ses mains posées de part et d'autre de Whisperer, puis il plongea à nouveau ses yeux bleus dans ceux de la bleu et bronze, cherchant à ressentir le même trouble qui l'avait envahi quelques secondes auparavant, afin de changer les règles du jeu, de repousser les limites jusqu'à une frontière bien plus intéressante.

Nate - Alors ma belle, nous sommes seuls, depuis le temps que j'attends cela.

Tu n'as guère d'autre choix que de me repousser. A moins que tu entres dans mon jeu ma belle, mais dans tous les cas, je serai le gagnant, comme toujours. En général, je ne sors que très rarement le grand jeu, le regard pénétrant, la voix de velours, c'est d'un banal et d'un pathétique, mais même si je ne parviens pas à expliquer pourquoi, cela suffit à séduire la gente féminine. Mais je sais bien que Lucy ne marchera pas, et qu'elle me repoussera de toutes ses forces. D'un geste qui se veut tendre - mais qui ne l'est pas entièrement - je passe ma main sur sa joue, attendant qu'elle explose, qu'elle hurle, qu'elle m'insulte. Déteste-moi, repousse-moi, tu ne me donneras qu'une seule envie : revenir afin de recommencer.

Comme pour le cas d'Hadeys, je m'étais toujours demandée si au fond de Nathanaël, il y avait un coeur... Dès ma première rencontre avec lui - le premier jour de la rentrée de première année à Poudlard -, je l'avais jugé comme un garçon paumé, qui tentait de se prouver à lui même qu'il était mieux que les autres. J'aurais pu l'aimer, j'aurais même pu avoir pitié de lui, mais il ne m'en a jamais laissé l'occasion ; quelque chose dans son regard me poussait à justement repousser les limites, de plus en plus, de voir s'il y a quelque chose de bien au fond de lui...et de voir s'il a une quelconque conscience du bien et du mal. Je l'ai vu dépérir au fil des années, à devenir un dealer reconnu dans tout Poudlard, à vendre de la drogue à mes propres amis, devant mon nez sans que je dise quelque chose. Je l'avais laissé faire, je l'avais laissé prendre une partie de ma vie...Peut être que si notre relation n'était pas un combat permanent, je trouverai Poudlard bien plus fade. Peut être que s'il m'ignorait et que je faisais la même chose, je serai devenue une gentille fille...Mais ça ne s'est pas passé comme ça...Bien au contraire. On se provoque, on s'allume dans le seul but d'énerver l'autre, de le pousser à claquer la porte et de ce fait à " gagner le jeu ". Celui ci était malsain, je dois bien l'avouer, et pourtant, je n'arrivais pas à m'en détacher. C'était comme un besoin constant de descendre Naty plus bas que terre, en même temps que moi...le prendre avec moi dans ma chute. Lui faire du mal, comme lui m'en fait. Me rendre compte que je devrais tout arrêter, et en rajouter une couche, par simple orgueil, pour lui montrer une fois de plus qu'il ne m'aura jamais, que je serai en quelque sorte toujours la plus insupportable des deux. J'allais me déshabiller, me changer sans faire attention à qui pourrait se trouver dans la même pièce que moi. De toute façon, je ne suis pas du genre a être pudique, je n'ai pas de complexe, et par jeu je suis capable de n'importe quoi. Mes gestes se stoppèrent, d'un coup d'un seul, en voyant alors Nathanaël avachit sur mon lit. Quelque chose dans son regard me faisait penser qu'il se croyait toujours supérieur à moi, comme s'il me gênait plus qu'un autre, comme si toutes mes actions étaient bloquées quand il arrivait près de moi. Avec une lueur de défi, et sans lui laisser le temps de dire quelque chose, j'enlevai ma robe de sorcier, sans me presser, pour lui faire comprendre qu'il était comme une plante verte pour moi ; invisible. J'optai pour un jean et un top blanc, toujours sans porter la moindre attention à Naty, alors qu'il me disait que son mal de tête allait s'intensifier grâce à moi, et blablabla...Comme si ces maigres paroles allaient m'énerver. Il en fallait plus, mais je comprenais que justement il ne comprenait rien à la mentalité des femmes. Ou plutôt à ma mentalité. " On passe déjà aux mots doux ma belle? Mais moi aussi je t'aime voyons. " Je souris en l'entendant, un sourire plein d'ironie, parce que réellement je n'étais pas sa belle, je ne l'aimais pas et non jamais je ne pronnoncerais de doux mots en sa présence...Et surtout pas pour lui ! Plutôt crever par un détraqueur. " Tu m'aimes ? Drôle de façon de me le montrer Naty chou. " J'entrais directement dans son jeu sans réfléchir plus que ça, je savais que j'étais d'humeur à le pousser à bout...encore une fois.

Nathanaël avait une sorte de don pour être agaçant ; toujours sûr de lui, avec ce qu'on appelle un coeur de pierre, il fallait toujours qu'il cherche la petite bêbête pour m'énerver le plus possible. Ca l'amusait à vrai dire. Comme moi je m'amusais à ses dépends. Je ne voyais pas d'intérêt à notre petit jeu, mais je jouais quand même... On avait rien à gagner en se faisant mal l'un l'autre, en se rabaissant continuellement. On pouvait arrêter dès le début...mais c'est impossible. Chacun cherche à dominer l'autre, et nos caractères étant assez semblables, nous étions à nous seul les deux guerres mondiales...Bien entendu, je suis du côté des alliés, c'est Nate le méchant pas moi, je cherche juste à...répondre de ses attaques ! Non de non ! Jamais je ne me laisserai faire par un garçon, je ne suis pas une citrouille docile comme peuvent l'être les cruches de ma maison et de tout Poudlard. Je ne cherchais pas le pouvoir, être de mon côté sans qu'on me gêne était pour moi le paradis...C'était juste le pouvoir d'anéantir Nathanaël qui me plaisait. Dégonfler ses chevilles ne serait pas du luxe de toute façon. J'évitais tout de même de me disputer avec lui quand il était drogué au possible...à ce moment là, il redevenait le garçon paumé dont j'avais croisé le regard cinq ans plus tôt, un minable, un pauvre légume qui ne peut plus rien faire, qui ne peut même plus me tenir tête. Ce Nathanaël là ne m'intéressait pas, et à vrai dire, il ne m'intéresserait jamais. Bien entendu, ce type ne m'intéressait pas du tout...c'est évident non ? Je rangeais ma robe de sorcier, m'avançant vers mon lit où je souhaitais m'installer après un bref regard dans la glace. Vu sa tête, il devait seulement sortir de son imagination...Vive les pillules magiques, remarque que je ne tardai pas à lui dire. Oui je sais, la vérité fait mal. Mais que voulez vous ? J'adore faire mal à Naty. Encore une fois, il me répondit d'une douce voix, niaise au possible, cherchant un moyen de m'amadouer...pour m'avoir dans son lit plus rapidement et m'énerver sans doute. Ce qu'il est agaçant... J'arquai un sourcil en l'entendant, répondant ensuite du tac au tac " Tu devrais essayer, mon amour, cela ferait ressortir le côté tendre que tu ne partages pas avec moi. ", " Oh s'il te plait arrête ça avec moi Naty...Je ne partage rien du tout avec toi, et je ne partagerai jamais rien...Combien de fois devrais je te le rappeler ? J'avais oublié que la drogue rendait sénile " ajoutai je avec un petit sourire sarcastique. Et avant qu'il ne me tende sa merde à avaler, voire même sniffer, je le fis dégager de mon lit avec un petit Levicorpus. Alors que je riais légèrement en le voyant s'étaler de tout son long sur le parquet, je pris sa place sur mon lit, fermant les yeux quelques secondes et appréciant le moment où Nathanaël ne parlait pas.

Ouvrant à nouveau les yeux, je croisais les siens qui me regardait alors qu'il était toujours sur le sol. Ca ne dura que quelques secondes, puisque je préférai tourner mon regard du sien, consciente qu'il se passait quelque chose au fond de moi, et que pendant ces quelques petites secondes, j'étais presque devenue innofensive face à l'une des personnes qui m'énervait le plus dans Poudlard. Je ne voulais pas devenir comme toutes les autres filles de l'école, à baver devant ce gros idiot de Nathanaël, mon orgueil me l'interdisait, et ma raison aussi...Jamais je ne devais lui céder du terrain, parce que si je lui laissais un petit espace pour entrer dans mon lit - voire même dans mon coeur -, il prendrait tout sur son passage et me pietinnerait ensuite. Je ne devais pas le laisser gagner... Je décidai en tournant la tête de continuer à lui lancer quelques piques, histoire que ces secondes d'insécurité face à Naty s'effacent de ma mémoire. Souriant en faisant la remarque sur une quelconque relation entre Naty et Carlson, j'évitais tout de même d'imaginer la scène....de toute façon, cela m'étonnerait que Carlson veuille de Nathanaël, ce que celui ci me fit remarquer sans plus attendre, tout en se relevant enfin. " Je pense que Carlson préfèrerait tes fesses aux miennes, et je le comprends. " Je soupirai en l'entendant...Eurk, rien que l'idée de finir dans le lit de Carlson me donnait des frissons, et l'idée d'être regardée par Nate, une désagréâble envie de vomir, que je ne tardai pas à en faire la remarque, avec toutefois un grand sourire. " Je sais que mes fesses sont très belles Nathanaël, mieux que les tiennes, évidemment. Et non, ce n'est pas faisant ton latin loveur que je tomberai dans tes bras. Raté ! " Je le regardai alors s'approcher de moi tout doucement, cherchant à comprendre son petit manège. Il avait ce quelque chose dans le regard qui me disait que je ferais mieux de filer du dortoir...oui mais non, ça serait lui donner une quelconque suprématie qu'il n'a certainement pas ! Il posa alors ses bras de chaque côté de ma tête, mon regard entrant de nouveau en contact avec le sien. Seulement, je n'allais pas le laisser gagner, c'était impossible... Il cherchait une nouvelle fois à avoir le dessus sur moi, et je ne le laisserai pas faire longtemps...J'avais juste la patience d'attendre au bon moment. Je souris en l'entendant et répondis avec plaisir " Ah oui ? Tu vas me tuer c'est ça ? Génial ! " Je le laissai alors me caresser la joue quelque seconde avant de prendre sa main dans la mienne et de le pousser sur le lit, retournant alors la situation à mon avantage. Il était maintenant allongé sur le lit, et moi, sur lui. Mon sourire n'avait pas quitté mon visage, bien au contraire, s'allongeant un peu plus, " Tel est pris qui croyait prendre mon amour. "

Bassesses en tout genre, multiples tentatives pour détruire l'autre, l'affaiblir par la parole, le déstabiliser, trouver une faille dans sa défense afin de s'en servir comme arme, il fallait mettre en place toute une stratégie militaire pour s'en sortir dans cette situation, et avoir un mental d'acier sans lequel ni Nathanaël ni Lucy n'aurait pu tenir durant ces cinq longues années. Ce sont les plus petites victoires sur des batailles à priori sans importance qui permettent souvent de remporter la guerre, et un calculateur tel que le préfet des bleu et bronze ne pouvait l'ignorer. Il se douter que cette confrontation aurait son importance, et ne savait d'ailleurs pas à quel point elle serait décisive. A ses yeux, ce n'était qu'une confrontation de plus, comme ils en avaient tous les jours. On pourrait aisément penser que vivre ce conflit au quotidien pourrait être pesant pour le moral des deux adolescents, ainsi que pour leur entourage, mais avec le temps, on s'habitue à tout, et Nate était insensibilisé à ce genre de rencontres, aux sous-entendus mesquins ainsi qu'aux attaques physiques qu'il devait parfois subir. Ce n'était qu'un jeu, pas si innocent que cela, mais un jeu néanmoins.

Lucy - Ah oui ? Tu vas me tuer c'est ça ? Génial !
Nate - J'envisageais quelque chose de bien plus amusant, pour toi comme pour moi.

Sous-entendu très vague, et qui va immédiatement être pris dans un sens sexuel, à n'en pas douter. Je sais la réputation que je peux avoir, celle du jeune homme qui enchaîne les conquêtes d'un soir, qui n'ont pas plus d'importance les unes que les autres. Elle n'est pas entièrement fausse, mais pas entièrement vraie non plus. Quel mal y a-t-il à vouloir profiter de sa jeunesse et des plaisirs charnels que la vie m'offre? Je ne vais pas avoir honte d'être ainsi, au contraire même, je l'assume entièrement, et je ne changerai certainement pas sur ce plan-là, mais dire que les jeunes femmes qui passent dans mes draps n'ont pas d'importance à mes yeux est faux, pour la plupart d'entre elles. Chacune d'elle est particulière, et même si je me fais passer pour une ordure, même si je donne l'impression de n'accorder aucune dimension à ces relations sans lendemain, chacune d'entre elle a un détail, qu'il soit moindre ou non, qui fait que l'espace de quelques instants, cette demoiselle aura été celle avec laquelle j'aurais pu passer le restant de mes jours. Mais je ferais mieux de stopper ici les pensées à l'eau de rose, ce n'est vraiment pas mon genre. Je préfère me consacrer à ces relations destructrices, comme celle que je vis avec Lucy, qui me surprend d'ailleurs en me faisant tomber sur son lit avant de passer sur moi dans un même geste. Très intéressante cette tournure que prennent les choses.

Lucy - Tel est pris qui croyait prendre mon amour.
Nate - J'aime quand tu me surprends ainsi ma belle.

Cela n'aurait pu être qu'une remarque ironique de plus de la part du préfet des bleu et bronze, mais ce n'était pourtant pas le cas, il pensait réellement les propos qu'il venait de prononcer. Confortablement installé sur un lit qui dégageait le doux et envoûtant parfum de son insupportable camarade, cette dernière placée sur lui, avouons tout de même qu'il aurait pu connaitre une situation bien plus désagréable. C'était loin d'être une situation romantique, mais tout pouvait changer d'une seconde à l'autre, et Gemmell le sentait bien, voyait sa perception des choses se modifier soudainement. Ces longs mois passés à provoquer Lucy n'étaient pas une erreur, leurs caractères faisaient qu'ils étaient obligés d'entrer sans cesse en collision, mais peut-être souhaitait-il plus que cela en fin de compte? Nathanaël posa ses mains sur les cuisses de la Serdaigle, la provoquant une fois de plus, un sourire ravi affiché sur ses lèvres. Maintenant qu'elle l'avait amené sur ce terrain, elle devait en assumer les conséquences, car le prédateur ne lâcherait pas sa proie aussi facilement que cela. Mais après tout, la question se devait d'être posée : qui était le prédateur, et qui était la proie?

Je pourrais faire ce que je veux d'elle, car après tout, ce n'est qu'un jeu à ses yeux. Si je le désirais, elle serait mienne en un instant. Je ne suis plus sous l'emprise des drogues, nous sommes seuls, l'idée est tentante, cela fait des mois que la désire, que je rêve de la mettre dans mon lit et de la faire taire, mais j'en suis incapable, et je ne peux pas expliquer pourquoi. Sans doute est-ce parce que j'aime ce jeu sadique et malsain, cette ironie dont elle fait preuve, et ses réparties qui feraient mouche à chaque fois si je n'était pas aussi insensible. J'ai été un idiot, je pensais la haïr au plus haut point et tout faire pour qu'elle ait la même vision des choses que moi, mais en fin de compte, je me suis attaché, et elle a pris de l'importance alors que je souhaitais le contraire. Et je ne sais pas pourquoi, mais je ressens ce besoin d'être sincère, de tout lui avouer. Après tout, même si elle me rembarre en beauté, je pourrais toujours parvenir à sous-entendre que c'était un piège que je lui tendais, même si ce n'est pas le cas. Mes mains glissent lentement sur ses cuisses pour se poser sur ses hanches, et je plonge mon regard dans le sien, cherchant à nouveau ce sentiment si particulier que j'ai éprouvé quelques minutes plus tôt.

Nate - Cela fait cinq ans que ce petit jeu dure entre nous, que l'un cherche sans cesse à blesser l'autre, cinq longues années que chaque fois que je te croise, mon seul et unique réflexe consiste à chercher une parole vexante afin que tu me détestes. Tu es la plus insupportable et la plus exaspérante des filles que j'ai eu à rencontrer dans ma vie, c'est incontestable. Mais tu es magnifique, et même si je fais tout pour le nier, je crois que je ne peux plus me passer de toi.

Nathanaël ne pouvait plus détacher son regard de celui de Lucy, il n'avait pas envie de briser ce moment, pas la moindre envie que cela s'arrête. Son ego et sa fierté s'étaient tous deux évaporés bien rapidement, laissant la priorité à un sentiment bien plus fort, bien plus complexe, et bien trop étrange pour être décrit avec précision. Le dicton dit que la frontière entre l'amour et la haine est bien mince, et qu'il ne suffit que d'un pas pour la franchir, mais ce n'était pas vraiment de l'amour que ressentait le Serdaigle, ou du moins, pas dans le sens traditionnel du terme. Lentement, Gemmel se redressa, rapprochant son visage de celui de sa camarade, sans jamais la quitter des yeux, puis il posa sa main droite sur la hanche de la jeune femme, passa la gauche dans ses longs cheveux bruns avant de l'embrasser tendrement, sans lui laisser l'occasion de répondre. Qu'elle le haïsse, qu'elle le repousse, qu'elle le maudisse, ils ne seraient rien sans cette relation, sans cette constante recherche du mépris de l'autre, jamais ils n'en seraient arrivé là s'ils avaient tissé un lien d'une autre nature, jamais ils n'auraient pu développer une telle intensité dans leurs rapports. Nate relâcha lentement son étreinte, puis observa la réaction de Whisperer, attendant le verdict. Après tout, peut-être était-il le seul à vivre leur relation de cette manière, mais au fond de lui, il espérait obtenir un baiser tout aussi intense en retour.

As long as I'm living, I'll be waiting
As long as I'm breathing, I'll be there
Whenever you call me, I'll be waiting
Whenever you need me, I'll be there

Je n'avais pas toujours été comme ça. Je n'avais pas toujours été cette insupportable jeune femme qui prenait des airs condescendants et hautains quand un garçon l'approchait. J'avais déjà eu un coeur. Un vrai, tout beau, tout neuf qui ne demandait qu'à aimer et qu'à être aimé. J'ai aimé. Malheureusement. J'ai aimé quelqu'un qui m'a rejeté cet amour en pleine figure après un an de beaux et loyaux services. Il ne voulait plus de moi. Peut être parce que j'étais trop fatiguante. Trop exigeante. Pas comme lui l'aurait souhaité...Alors cette belle histoire dont mon petit coeur était devenu accro c'est terminé, comme ça, sans que je m'y attende, sans que je puisse y croire une seule seconde. Alors j'ai préféré rester cloitrer dans ma chambre du chaudron baveur. Je ne suis pas sortie avant un moment. Mon été a tourné autour d'une seule chose, pouvoir redevenir celle que j'étais avant lui, et même si je le haissais de tout mon coeur et de tout mon être, je n'arrivais pas à me l'enlever de ma tête. Il était toujours présent, dans ma tête, dans mes rêves, son image me collait à la peau...Alors je sortais, trouvant un garçon tous les soirs pour pouvoir oublier, jamais une bouteille ou autres choses illicites loin de moi, histoire de pouvoir noyer, à mon aise, le chagrin qui s'était installé en moi. Seulement...rien n'y faisait. Je pleurais sur mon sort, alors que cet idiot de Lucas devait bien s'amuser. Alors un jour, je me suis réveillée avec la ferme intention de sortir de cet état. Mon abandon par mes parents était bien cruel que notre rupture, alors il n'y avait pas de quoi souffrir. Il n'y avait plus de quoi souffrir parce que c'était comme si j'avais eu une piqûre d'anésthésiant. La souffrance des gens ne m'intéressaient pas, leur amour envers les autres encore plus, et quant à moi, j'avais décidé de cacher au plus profond de moi même mon coeur, et d'avaler cette stupide clé pour que personne ne l'ouvre. Pour que personne ne l'ouvre une nouvelle fois. Pour qu'on reste loin de moi, qu'on m'oublie une bonne fois pour toute, pour qu'on me hait pour mon horrible caractère, pour que je pousse à bout les gens pour qu'ils ne cherchent pas à voir au fond de moi...une vision égoiste et démesurée mais qui me collait bien ; je ne pouvais pas me permettre d'aimer, je ne voulais pas aimer...ca faisait trop mal. Alors j'avais simplement mis Nathanael dans la même case que les autres ; un de ces types, immatures et totalement paumés qui cherche à attirer l'attention sur lui, en faisant n'importe quoi. On s'insultait tous les jours, se faisant des coups bas, histoire de se prouver l'un l'autre que la guerre durait jusqu'à notre sortie de Poudlard, voire même jusqu'à la fin de notre vie, qu'on ne se lassera jamais de ce jeu...Mais Nate avait quelque chose d'autre. Je ne sais quoi, qui me donnait envie de revenir à chaque fois, de l'attirer dans mes filets pour lui faire mal comme lui m'en fait, et surtout pour qu'il ne m'oublie pas. A vrai dire, il était entrain de je ne sais quelle façon dans mon coeur, et m'en avait volé une partie. Mais je ne voulais pas l'avouer, parce que je savais au fond de moi qu'il n'y aurait jamais rien entre lui et moi. Que notre haine commune ne pouvait pas se transformer subitement en un drôle d'amour, ou plutôt en une sorte de besoin, de nécessité constante...comme si, j'avais besoin de lui. Comme si, je n'avais pas besoin de prendre de drogues...parce qu'il était la mienne.
Il était au dessus de moi, alors que moi même j'étais allongée sur mon lit. Nos regards, ancrés l'un de l'autre, je sentais peu à peu que les remparts que je m'étais forgée disparaissaient, petit à petit, me laissant seule et sans aucune protection...ou presque. Je ris en l'entendant me répondre, parce qu'il ne me restait plus que ça. L'auto dérision. L'ironie. Mes seuls, et ultimes armes pour ne pas tomber dans le plan de Nathanaël, pour ne pas tomber sous son charme. Je voulais être différente des autres, faire le contraire, et c'est de cette façon que j'ai commencé à détester et à pester contre lui. Je le voyais comme tous ces types qui s'amusaient avec les filles, leur faisaient croire monts et merveilles et disparaissaient après qu'ils aient obtenu ce qu'ils voulaient...la suite me donnera tort, bien évidemment. Je ne baissai pourtant pas mon regard du sien, mon orgueil passant avant ma propre sécurité ; je ne baisserai pas les bras, pas encore une fois, pas pour lui, pas pour un autre garçon. Avec un sourire, longtemps travaillé pour ce genre de circonstances, je lui répondis, avec une lueur de défi dans le regard, comme à ma grande habitude, " Tu ne feras rien Nathanaël Gemmell...Sinon, tu l'aurais déjà fait. "

Je souris alors, prenant le contrôle de la situation en m'asseyant sur lui. Je le savais prêt à tout, et je savais aussi qu'il n'aurait aucune limite pour me dominer à son tour. Mais c'est justement ça qui m'intéressait...et cette fois ci, contrairement au reste du temps, j'étais parrée à toute éventualité, à toutes actions qu'il pourrait faire, à tout ce qu'il pourrait dire. J'évitais de croiser trop longtemps son regard, ne tenant pas à m'y fixer, sachant très bien qu'il viendrait alors très vite à bout de moi. Seulement, quand j'ai dit que j'étais prête pour tout ce qu'il allait faire, je ne l'étais en fait pas. J'allais prendre sa remarque comme une sombre répartie qui me faisait tout de même sourire, mais c'est alors que je croisais son regard...Je le laissais alors poser ses mains sur mes cuisses, le fixant toujours. Je n'en revenais pas...! J'avais l'impression qu'il pensait tous les mots qu'il venait de me dire...comme si, comme s'il ne me voyait plus comme cette insupportable fille, comme s'il y avait vraiment quelque chose d'autres au fond de lui. Mes yeux allaient de gauche à droite, ne comprenant pas ce qu'il se passait, mais sachant que justement, quelque chose se passait...quelque chose qu'il n'y avait jamais eu entre lui et moi. Quelque chose de différent...qui remettait en cause toutes nos longues disputes. Qui remettait en cause aussi ma façon d'être, et qui bizarrement me faisait tambouriner le coeur, qui me faisait sentir autre, comme si mon coeur voulait réapprendre à aimer. Doucement, avec beaucoup de tendresse, il posa ses mains sur mes hanches ; je trésaillis. Mes yeux ancrés dans les siens, je l'écoutai alors presque affolée. Ouvrant la bouche de stupeur, j'essayais de savoir s'il me mentait ou non...si c'était encore une autre de ces ruses pour en venir à bout, pour me détruire...Et j'avais beau vouloir de tout mon être, rester impassible devant ses mots, devant son regard, j'en étais bien incapable. Déjà mon corps ne répondait plus à ce que j'aurais voulu. J'étais prise d'un léger frisson, et je fermais mes yeux alors, cherchant un moyen de me sortir de cette situation...ou plutôt de prendre une décision, de savoir quoi faire...Mais il était trop tard. Déjà, je sentais au creux de ma poitrine, mon coeur tambourinait de plus en plus, comme s'il essayait de me dire que c'était le bon moment..le bon moment pour ressortir, pour ne plus être ce robot...Oui, il était déjà trop tard ; Nathanaël m'avait eu.

Alors que je restais encore interdite, je le voyais s'approcher de moi, me touchant alors les cheveux, en s'approchant toujours plus de moi. Nous étions collés l'un à l'autre, et sans que je puisse lui dire quoique se soit, il m'embrassa, doucement et tendrement, comme jamais je n'aurais pu l'en croire capable. Je ne fis rien, mon cerveau réfléchissant à plein volume, comprenant en fait que je mettais trompée. Nathanaël n'était pas ce paumé, il n'était pas non plus ce coureur de filles que je voyais en lui...lui aussi semblait avoir un coeur, un peu trop caché. Je m'étais trompée en partie sur son compte. Et je mettais aussi trompée sur mes propres resentiments envers lui...je ne le détestais pas. Il était juste insupportable. Il était juste comme moi...et pourtant, il avait mis tout son orgueil de côté pour s'avancer vers moi, pour faire le premier pas, quitte à se ridiculiser, quitte à perdre plus qu'à gagner ! Arrêtant de me poser toute sorte de question, j'esquissai un petit sourire, qui s'aggrandit au fur et à mesure que je regardais Naty...avec une subite pulsion de ma part, je l'attrapai doucement par le col de sa robe de sorcier et l'amenai vers moi, avec une petite lueur de taquinnerie, trouvant alors la réponse idéale à sa petite déclaration, et je lui répondis en un simple murmure, alors que nos bouches étaient à à peine quelques centimètres l'une de l'autre : " Prouve le moi alors. " Et, sans lui laisser le temps de répondre, je souris un peu plus, passant alors mes bras autour de son cou et l'embrassant alors, intensément. Autant que l'était notre relation.

Un baiser tendre venait de les unir, et ce n'était que le début d'une longue relation qui s'annonçait plus que tumultueuse. Nathanaël ne se voyait pas former un couple avec une jeune femme, encore moins si c'était Lucy Whisperer. Mais maintenant qu'il était dans son lit, et qu'il ouvrait enfin les yeux sur les cinq années qu'ils avaient passées, l'idée lui paraissait beaucoup plus envisageable que précédemment. Envisageable seulement. Jamais Gemmell ne sortirait avec une fille, pas dans le sens classique du terme en tout cas. Les sorties romantiques à Pré-Au-Lard main dans la main, les déjeuners passés ensemble dans la grande salle, dévoilant leur amour au grand public, c'était hors de question. Le Serdaigle était un électron libre, il pouvait avoir des sentiments, peut-être même les avouer à la personne concernée, mais jamais les assumer au grand jour. Il préférait largement les baisers volés entre deux cours dans un couloir sombre, les nuits de folie dans un dortoir vide qu'il n'avait jamais vu auparavant, les coups d'oeil qui dévoilaient les moindre pensée, échangés sans que personne ne s'en aperçoive. C'était nettement plus intéressant, beaucoup plus excitant également. Comme ce moment passé avec Lucy, à s'embrasser pour la première fois alors qu'aux yeux du monde entiers ils passaient pour de parfaits ennemis. N'importe qui aurait pu pénétrer dans le dortoir, les surprendre, mais cela n'avait aucune importance, ce danger rendait ces minutes encore plus agréables, plus passionnantes, et cette haine qui les avait unis pouvait enfin exploser comme il se devait. Nathanaël relâcha lentement son étreinte et observa sa camarade lui adresser un regard explicite tout en attrapant le col de sa robe de sorcier afin de l'amener vers elle pour lui murmurer.

Lucy - Prouve le moi alors.

Ce sera fait, et de nombreuses fois, j'y veillerai personnellement. Je sais que je n'ai pas commis d'erreur en lui avouant ce que je ressentait pour elle, même si je suis à présent en danger, et qu'à tout instant je risque de souffrir par sa faute, cela en valait la peine. Notre relation sera un échec, nous nous détruirons mutuellement, comme nous l'avons toujours fait jusqu'à maintenant, car je suis incapable de changer, de devenir du jour au lendemain un jeune homme romantique et plein d'attentions. Je serai vil et fourbe, je continuerai ce jeu malsain, mais ce ne sera plus par haine comme c'était le cas jusqu'à maintenant, ce sera par amour. Un amour bien trop compliqué pour être compris par d'autres, bien trop sombre, bien trop puissant. J'ai besoin d'elle, elle est mon oxygène, ma dose de cocaïne journalière, je ne pourrais survivre sans sa présence à mes côtés, et si je la fais souffrir, ce ne sera que pour mieux souffrir moi-même. Elle brûlera en enfer à mes côtés, et nous règnerons en maitres incontestés, continuant ces joutes verbales incessantes, ces bassesses qui n'ont pas de prix, et tout cela pour cet amour destructeur. Je ne peux plus détourner mon regard du sien, son visage est si parfait, le moindre détail, que ce soit la couleur de ses yeux, ou encore son sourire charmeur, me transporte dans un autre monde. C'est terrible, je suis fou amoureux d'elle, et je suis heureux.

Nate - J'y compte bien.

Ses yeux pétillaient d'une assurance qu'aucun autre que lui n'aurait pu afficher. Personne ne pouvait douter de lui en cet instant, car il savait qu'il le ferait, mieux que quiconque, même s'il finirait, un jour ou l'autre, par commettre une erreur. C'était bien pessimiste de penser les choses ainsi, mais c'était une réalité contre laquelle il ne pouvait rien. Il ne parviendrait pas à rester fidèle, non pas parce qu'il éprouvait un besoin de s'auto-détruire en détruisant les relations chères à son coeur - malgré le fait que ce fut tout de même le cas - , mais parce que le sentiment qu'il éprouvait à l'égard de Lucy était le même que celui qu'il avait pour Lullaby ou Baja, avec des nuances différentes à chaque fois, une manière différente de vivre cette relation, mais cela n'en restait pas moins un amour pur qui l'obsédait. Malgré cela, Nathanaël ignora ces pensées et préféra se concentrer sur l'instant présent, ce moment indescriptible passé avec cette insupportable jeune femme. Il l'embrassa à nouveau, avec encore plus d'intensité qu'avant, la faisant basculer avec lui sur le lit, laissant glisser ses mains sous le T-shirt de la Serdaigle, tout en ressentant ce besoin qu'elle lui appartienne entièrement, qu'elle soit à lui, rien qu'à lui, qu'elle ne puisse plus lui échapper. Gemmell savait qu'ils allaient coucher ensemble, il le voulait, mais pas pour avoir une simple relation sexuelle comme ça avait été le cas avec ses partenaires précédentes, cette fois-ci, c'était par amour, et c'était une première pour lui.

Un stade vient d'être franchi, et même si c'est loin d'être le meilleur choix pour Lucy, il est trop tard pour revenir en arrière. Je ne peux plus effacer les paroles que je viens de prononcer, je suis incapable de réfuter les sentiments qui m'envahissent, je les ai trop longtemps ignorés, ils refuseront de s'effacer, c'est une certitude. Au fond, ce qui me fait de la peine, et dont je suis persuadé, c'est que je ne lui apporterai que souffrance et douleur si par malheur elle venait à s'attacher à moi. Et même si ce n'était pas le cas, il est déjà trop tard pour la demoiselle, car je la désire, je veux qu'elle soit mienne, même si je peux affirmer avec certitude que cette relation la détruira, tôt ou tard. Là où je passe, les fleurs fanent lentement mais sûrement, et ne parviennent que très rarement à retrouver leur beauté d'antan. C'est bien dommage d'ailleurs, car seules les plus belles m'attirent, celles qui frôlent la perfection. Lullaby, Jaya, Baja, et maintenant Lucy. Certaines n'ont déjà que trop souffert de ma présence, d'autres ne tarderont pas à connaitre le malheur d'être à mes côtés. Cela ne m'empêche pourtant pas de continuer à embrasser Whisperer, car j'ai beau être le pire des êtres humains que cette terre a connu, je n'en reste pas moins un homme fou amoureux, et prêt à tout sacrifier pour elle. Espérons que cela dure, mais j'en doute, malheureusement.

Cos all of the stars are fading away
Just try not to worry you'll see them some day
Take what you need and be on your way
And stop crying your heart out

Je savais que jamais je n'aurais dû faire ça. Que je devais garder une relation haineuse avec Nathanaël, parce que les filles, je les voyais passer, défiler dans son lit, et je savais que je ferai partie de cette file. Je me savais condamner à une immense souffrance, à des complications, des prises de têtes, et pourtant, je n'arrêtais pas ce que j'étais entrain de faire...tout simplement parce que je n'y arrivais pas, parce que j'avais besoin de lui, comme lui de moi. J'avais besoin de sentir qu'en cet instant j'étais bien plus que la fille insupportable dont Nate avait eu l'habitude de se moquer. J'avais besoin de sentir son parfum de plus en plus, de sentir sa peau contre la mienne, ses doigts caressaient ma peau, et sa bouche embrassait la mienne...et je le haissais pour ça. Je le haissais de m'avoir emmené dans ses filets, je le haissais pour avoir ce putain de charme, pour m'avoir eu tout simplement...parce que je savais très bien que cette histoire ne faisait que démarrer, et qu'elle ne tombait pas à pique. A vrai dire, je me demandais même si on pouvait parler " d'histoire " pour nous deux...Je le haissais, parce que je savais qu'à chaque gestes, qu'à chaque baiser, je devenais un peu plus accro à lui. Chose qui m'était totalement interdite. Chose que je m'étais interdite, dès le début de Poudlard. Je ne faisais pas partie des filles tellement mielleuses qu'elles donnaient envie de vomir, tellement niaises et naives que j'en avais mal à la tête...J'étais cantonnée à une image de fille forte, de fille chiante, de fille insupportable...Et même si je dénigre ce genre de filles, en ce moment même, j'aimerais pouvoir être elles. J'aimerais pouvoir me dire pendant un laps de temps plus long que cinq minutes, que Nathanaël et moi pourrions former un couple...qu'on pourrait même former quelque chose tout court. Notre relation était perdue d'avance, parce que je savais que j'aurais mal, par sa faute et par la mienne...Jamais Nate ne résistera aux charmes des filles, et moi, jamais je ne pourrais oublier Lucas. On était comme dans une impasse, où il fallait, pour mieux continuer, se séparer. Cette idée me faisait trésaillir d'effroi, parce que je ne voulais pas. Je ne pouvais pas. Il était à moi, rien qu'à moi, et je préférais l'idée de souffrir, malheureuse, trompée, déçue, plutôt que souriante, et sans lui...En cinq misérables années, Gemmell m'avait rendu accro...dépendante de ses piques, de ses sourires vicieux, de ses sous entendus peu honorables. J'avais l'impression de me sentir comme une femme fragile, et complêtement amoureuse...Amoureuse d'un gars idiot, d'un gars fourbe, d'un gars pas fait pour la rendre heureuse...mais je m'en fichais. Je m'en fichais terriblement...parce que je n'avais pas peur d'avoir mal. Je n'avais pas peur d'avoir mal si c'était lui qui m'en faisait. Parce que de toute façon, j'étais à lui, comme lui était à moi.

Mes sentiments et ressentiments se confondaient, et je n'arrivais pas à réfléchir en même temps qu'il m'embrassait. Parce que oui, il avait beau avoir une tête de con, et surtout un esprit de con, il n'en restait pas moins qu'il embrassait à la perfection. Mes bras étaient toujours agrippés à son cou, comme si je ne voulais pas qu'il s'éloigne, même pas un instant...J'avais besoin de respirer, de tout oublier, et sans lui près de moi, je n'y arrivais plus. Je passais mes mains dans son dos, le caressant, pendant que je fermais les yeux, bien décidée à ce que mon cerveau et ma conscience ne gâche pas une fois de plus un des si bons moments, qui devenaient si rares à Poudlard en ce moment...Je souris alors, en l'entendant me dire qu'il comptait bien me prouver qu'il ne pouvait plus se passer de moi...J'avais beau ressentir la même chose que lui, j'étais incapable d'avoir sa tchatch et de pouvoir lui dire la même chose. Je n'étais pas comme ça...ou plutôt, je n'étais plus comme ça. J'avais appris de par ma relation avec Lucas, que dès que je m'extériorisais un peu trop, je devenais une boule d'énergie, dangereuse, et incontrôlable. Je devenais jalouse, possessive, et incroyablement méchante. J'auto détruisais mes relations, et bizarrement, mon drôle d'instinct me poussait à me calmer...Je ne voulais plus rien détruire, plus jamais...pour le moment, sachant très bien que si ce petit jeu dure avec lui, je ne serai pas capable de me taire et de me contrôler. Je l'étoufferai, de plus en plus, et je lui ferai de plus en plus de mal, parce que c'est de cette façon dont je me fais remarquer. J'ai besoin qu'on me remarque, qu'on fasse attention à moi, et surtout, qu'on ne m'oublie pas...Pensées positifs ou négatifs m'intéressaient peu, l'intérêt est que je marque les esprits. Et je voulais marquer celui de Naty plus que celui des autres...parce qu'il y avait ce putain de lien qui nous unissait, et que j'avais tant de fois envie de couper...envie qui ne se confirmera jamais en réalité. Parce que je ne peux pas. Parce que...parce qu'en l'espace de peu de temps, il est devenu ma bulle d'oxygène, ma bouée de sauvetage, ma douce évasion.

Je frissonnai en sentant ses mains passaient sur mon ventre, fermant les yeux à nouveau et, me mordillant la lèvre. Je savais ce qu'on allait faire, et même si je savais que ca allait être une drôle d'erreur qui allait me pousser à faire de folles choses, et à rendre ma vie encore plus compliquée qu'avant, je ne m'arrêtais pas...parce que j'en avais tout simplement envie. Peut être serait ce le seul moment où Nathanaël Christopher Gemmell serait à moi, et rien qu'à moi. J'avais en ce moment même l'impression qu'il était tout à moi, et qu'il ferait tout pour moi. Je me savais atteinte, mais pas à ce point...un certain romantisme, drôlement caché tout de même, prenait le dessus sur mon cynisme habituel. J'ouvrais alors les yeux, croisant les siens et m'y ancrant. Doucement, je me mis à caresser du bout des doigts sa joue, avec un petit sourire sur les lèvres. A nouveau, je mordillais ma lèvre inférieure, avec une petite lueur de taquinnerie dans le regard. Rapidement, je remontais ses lèvres jusqu'aux miennes, prouvant par ce baiser toute l'étendu de ma dépendance pour lui. Et alors qu'un rayon de soleil passait à travers la fenêtre, je m'abandonnai à lui en toute connaissance de cause.