Vox Tenebrae
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 You will be my Christmas Present || Lullaby

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Nathanaël C. Gemmell

Nathanaël C. Gemmell

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You will be my Christmas Present || Lullaby Vide
MessageSujet: You will be my Christmas Present || Lullaby   You will be my Christmas Present || Lullaby EmptyMer 28 Oct - 23:42

You will be my Christmas Present || Lullaby Ylz53 You will be my Christmas Present || Lullaby 9bd47k
© merccou & violateraindrop


    D'un pas lent et assuré, enveloppé dans une chaude cape d'hiver couleur noir, Nathanaël progressait lentement entre les divers étalages du marché de Noël, accordant par moments des regards amusés aux babioles des marchants, ainsi qu'un demi-sourire derrière lequel il dissimulait avec beaucoup d'aisance son mépris pour cette fête. Quoi de plus normal, après tout, pour un jeune homme n'ayant d'intérêt que pour le savoir et la connaissance? Ces réjouissances de fin d'année n'étaient, à ses yeux, qu'une arnaque spectaculaire, que les gens accueillaient à bras ouvert et avec de larges sourires. Le Serdaigle s'arrêta tout de même à un stand et acheta un café brûlant, afin de réchauffer ses mains ainsi que son coeur de pierre.

    Toutes ces stupides réjouissances me donnent envie de vomir. Mais je me demande quel est le pire dans tout ça, entre les sourires béats des gens qui pensent que tous leurs soucis s'envoleront en quelques secondes à l'aide d'un verre de vin chaud et d'un morceau de pain d'épices, ou encore l'hypocrisie des cadeaux que l'on offre à des personnes qui nous détestent en secret. Je dois tout de même reconnaître une chose aux chrétiens, c'est qu'ils ont créé la fête commerciale la mieux réussie de l'histoire de notre humanité, et ce ne sont pas les fabricants de jouets et autres vendeurs de chocolats qui leur en voudront. C'est tout de même pathétique, il faut l'admettre, de voir tous ces visages habituellement tristes et mornes se raviver à la vue de quelques lumières colorées, d'une date sur le calendrier et d'un homme en rouge, atteint d'un grave surpoids et affublé d'une barbe ridicule. L'humanité est assez stupide pour se laisser manipuler et obéir quand on lui dit qu'à cette période de l'année il faut être heureux et généreux. J'ai au moins le décence de rester le même tout au long de l'année, et de ne pas me renier au nom d'une fête.

    Nathanaël termina son café d'une traite, remercia le serveur d'un pourboire et se remit en route, machinalement, cherchant du coin de l'oeil un visage connu qui pourrait lui tenir compagnie. Il n'était peut-être qu'un fin manipulateur qui ne considérait que très peu de personnes comme de véritables amis, mais le jeune homme n'était pas un solitaire, et préférait subir une compagnie indésirable plutôt que de se retrouver seul. Il trouvait de toute manière toujours un moyen de rendre une personne plus supportable, que ce soit en la manipulant avec douceur ou en la remettant à sa place en quelques répliques bien placées.

    Le regard du jeune homme fut alors capté par une silhouette, qu'il aurait pu distinguer parmi mille autres. Elle qui avait été dépendante de Gemmell et des cachets qu'il lui fournissait, elle qui l'avait supplié à genoux, qui avait été sienne de nombreuses fois juste pour obtenir ce qu'elle attendait de lui, elle l'avait aimé, haï, et tout au long de cette relation très compliquée qu'ils avaient entretenu, il n'avait fait que la détruire, et s'était détesté pour cela. Mais cela ne l'avait jamais empêché de recommencer, car il savait que s'il arrêtait de se conduire ainsi, il risquait de la perdre définitivement, et n'en avait au fond aucune envie. D'un pas lent, Nathanaël s'approcha derrière Lullaby et murmura d'un souffle à l'oreille de la demoiselle.

    Nate - Mon imagination me joue des tours, je me disais bien que les miracles de Noël n'existaient pas et que ce n'était pas un ange que j'apercevais au loin. Comment vas-tu ma chère Lullaby?

    Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de la croiser. Elle a trouvé un autre dealer, une autre personne qui a la chance de pouvoir faire ce qu'il veut d'elle à chaque instant. Il a prit ma place, est devenu mon pire ennemi sans le savoir, mais je ne le laisserai pas agir sans me battre. Je la récupèrerai, d'une manière ou d'une autre, elle me reviendra.

    Nate - J'ai eu beau chercher partout dans ce marché, je n'ai pas trouvé de meilleur cadeau à t'offrir que celui-ci.

    Lentement, le jeune homme sortit une petite pochette remplie de cachets, ceux qu'il fournissait à Lulla depuis de trop nombreux mois, jusqu'à ce qu'elle ne trouve quelqu'un d'autre capable de lui apporter ces substances interdites dont elle avait tant besoin. Nathanaël déposa le sachet dans la main de Lullaby sans la quitter des yeux, lui adressant un regard à la fois doux et sombre, impossible à déchiffrer. Puis il fit glisser sa main contre la joue de la Serpentard, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

    Tu ne peux pas t'enfuir ma belle, je le refuse, je ne te laisserai jamais t'échapper. Tu es mienne, l'as toujours été, et ce n'est pas maintenant que cela va changer. Tu pourras t'éloigner quand je l'aurais décidé, et le moment n'est pas venu. Je vois bien tout le mal que je répands en toi, ce lot de souffrance que je t'apporte chaque fois que je viens à toi, mais je ne peux me défaire de ta présence, j'ai besoin de toi, comme tu as toujours eu besoin de moi. Je veux que tu me supplies, je veux que tu me reviennes à genoux, en pleurs, je veux t'entendre dire que tu as besoin de moi. Ne m'en veux pas, mon ange, car si ce n'est pas toi qui souffre, ce sera moi, et ça, jamais je ne l'accepterai.
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Lullaby E. Woodwolf
    smoke my tears away ; l'univers existe pour que j'existe.

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MessageSujet: Re: You will be my Christmas Present || Lullaby   You will be my Christmas Present || Lullaby EmptyJeu 29 Oct - 23:50

D’une étrange façon, j’aimais Noël. Je n’avais pourtant jamais connu les réunions familiales émouvantes, je n’avais jamais décoré le sapin avec mes parents, me contentant de lorgner sur les présents posés tout autour de ce dernier avec avidité. J’avais observé la joie fébrile de mes comparses, m’imprégnant de leur bonheur pour supporter plus facilement le vide qui m’animait. J’adorais déballer mes cadeaux, mais je n’étais jamais assez heureuse de ce que je trouvais sous l’emballage, et la déception me submergeait bien rapidement alors que je m’éloignais de la fête pour m’isoler. J’aimais à voir mes parents heureux, je les espionnais discrètement le soir, blottis l’un contre l’autre sur le canapé, un verre de champagne dans la main. J’enviais leur joie palpable, je m’efforçais de sourire à mon tour, et j’étais probablement bien plus douce – c’était le seul moment de l’année où l’enfant infernal devenait brusquement supportable. Je crois que j’aspirais simplement à me sentir bien, moi aussi, et je pensais naïvement que me comporter de la sorte m’aiderait à parvenir à cette plénitude qu’ils semblaient tous ressentir. Mon grand-père, pour sa part, méprisait cette période de l’année, celle-là et toutes les autres, celle-là plus que les autres. Alors je taisais mon excitation, l’écoutant parler pendant des heures sur l’inutilité d’une telle célébration. Parfois, il arrivait à m’en convaincre, mais c’était surtout la seule chose sur laquelle je n’ai jamais pu l’approuver, c’était par ses mots que je comprenais à quel point il pouvait être inhumaine, à quel point je ne lui ressemblerai jamais totalement. Cela me terrifiait, quand cela aurait dû me soulager, et je m’en voulais d’aimer à ce point une soirée qui me décevait à chaque fois, sans exception. Mais je n’arrêtais pas, je les regardais, encore et encore, je fixais les enfants qui jouaient dans la neige, souhaitant simplement y glisser mes doigts, me le refusant cependant. Je n’avais plus l’âge de jouer à ça, je ne l’avais jamais eu. J’étais une Woodwolf, censée devenir adulte à l’aube de ses cinq ans. J’étais désespérée, j’étais survoltée, j’étais une enfant qui tentait tant bien que mal de s’étouffer. Je l’ai tant et si bien fait, que quinze ans plus tard, l’enfance reprenait ses droits, et je redevenais la gamine aux yeux plein d’étoiles que j’avais tant voulu voir disparaître. Et je flânais sur le marché de Noël, les joues rougies par un plaisir immature qui me faisait honte. J’aurais voulu me coller aux décorations, acheter des dizaines de cadeaux, les distribuer à tous, et vivre de leur joie, comme tant d’autres fois. J’étais ridiculement enthousiasmée à l’idée de rendre les autres heureux, quand bien même je les méprisais, quand bien même la haine ne m’avait jamais quitté. Je ne savais pas pourquoi. Peut-être était-ce l’ambiance, cette animation à laquelle je rêvais de participer, les regardant s’affairer à leurs achats, combattant le manque qui reprenait déjà du terrain. Je ne faisais pas partie de ces réjouissances, je me contenterais donc de les observer, comme tant d’autres fois. Et mon mépris se mélangeait à mon envie, violente et bien trop puissante, de leur ressembler. J’aurais voulu m’oublier, moi aussi, dans cette fête commerciale qui ravissait tant de gens, j’aurais voulu organiser un grand repas où tous mes proches seraient conviés – quand bien même la plupart haïssait cela –, j’aurais voulu rentrer dans la masse, pour une fois. Pourtant, aujourd’hui encore, je me sentais déplacée, totalement décalée, et le vide rugissait sous la surface, demandant son dû, hurlant sa colère. Pour la première fois, peut-être serais-je incapable de supporter le bonheur de tous ceux qui m’entouraient. Et les rires des enfants qui avançaient de stand en stand me martelaient le crâne, tandis que je m’arrêtai pour m’acheter un café. J’y lisais l’amertume qui était inscrite sur mon visage, et la chaleur bouillante me brûlait la langue et le cœur. Je n’aurais jamais dû venir cette année, pas après tout ce qu’il s’était passé. Je ne m’en irai pas maintenant, cependant, je partirai lorsque l’appel se ferait trop suppliant, lorsque mon corps et mon esprit se mettraient d’accord sur ce que je devais faire. Il était d’ailleurs ironique de songer que cela n’arrivait qu’en pleine détresse, aux pieds du mur, tandis que je contemplais le gouffre avant une satisfaction morbide. Je me poussais de plus en plus loin, et un jour, je savais que je ferai le pas de trop. Rien ne retiendrait ma chute. J’attendais ma déchéance avec impatience, de la même façon qu’attendaient, surexcités, les gosses de se lever le matin de Noël. Merlin que je détestais cette fête. Je trempais mes lèvres dans le breuvage bouillant, déposant quelques gallions sur le comptoir du marchand avant de m’éloigner. Je jetai le gobelet quelques mètres plus loin, bousculant au passage une vieille dame qui m’adressa un sourire dégoulinant de sympathie, chose qui m’aurait habituellement dégoûtée. Néanmoins, médusée, je l’observais, et lui rendis un rictus crispé que j’espérais convaincant, bien qu’il soit loin de l’être. Elle s’éloigna en me souhaitant un joyeux Noël, et je sentis les larmes me monter aux yeux. Pitoyable, j’étais pitoyable. Tentant de reprendre mes esprits, j’inspirai profondément, me maudissant d’une telle faiblesse. Mon sac pesait lourd sur ma hanche, soudainement, tant je sentais le poids des calmants, me narguant, attendant que j’y plonge la main pour assouvir le besoin glaçant qui m’animait. J’étais pantin de mes pulsions, petite conne soumise qui n’apprendrait jamais comment parvenir à s’en débarrasser, qui n’était certainement pas certaine de le vouloir. Un équilibre précaire à ne pas briser, que je rêvais de piétiner cependant, soulagement incertain qui me tiendrait peut-être jusqu’au bout de ma journée.

« Mon imagination me joue des tours, je me disais bien que les miracles de Noël n'existaient pas et que ce n'était pas un ange que j'apercevais au loin. Comment vas-tu ma chère Lullaby? »

Son souffle me fit sursauter, tandis que je reconnaissais bien trop facilement sa voix et me retournai brusquement. Mon regard se heurta au sien, et je crus que mes jambes allaient céder sous mon poids. Ce n’était pas le moment, pas maintenant, Merlin, pas maintenant. Il semblait amusé de me voir là, et je me rappelais soudain tout ce qui s’était passé, vague de regrets, un goût de sang dans la bouche, je m’en souvenais, je n’oublierai jamais. Son visage me hantait bien souvent, bien que j’aie finalement réussi à m’en détacher, suffisamment du moins pour m’éloigner. Et pourtant, le voir là me coupait le souffle, je perdais mes moyens comme bien d’autres fois, et je luttais péniblement pour ne pas tourner les talons afin de m’enfuir en courant. Il avait été mon enfer personnel, mon bourreau, mon confident, mon dealer, il avait été tout et rien à la fois, et s’il n’avait pas été lui, il le serait resté. Mais je ne pouvais plus le supporter. Il revenait de temps en temps, depuis que Lemmy l’avait remplacé, espérant me convaincre de lui revenir. Je n’en avais aucune envie, quand bien même mon corps me hurlait de l’attirer à moi, quand bien même j’aurais simplement voulu me blottir dans ses bras, ses merveilleux calmants au creux de mon estomac. Et si le mot me dégoûtait, il était toutefois bel et bien là, me narguant, planant au-dessus de moi comme pour m’achever une dernière fois. J’étais dépendante, avide à l’idée de retourner vers cette relation destructrice qui m’avait tant apporté. Je ne ressentais jamais mieux que dans la souffrance, je ne m’étais jamais sentie aussi bien qu’en tant que son pantin. Aujourd’hui tout comme hier, pourtant, je le haïssais, bien plus encore que tout ceux qui s’attiraient mon mépris, bien moins néanmoins que moi-même.

« Peut-être es-tu simplement bien trop défoncé pour parvenir à faire la distinction entre la réalité et tes désirs. » J’étais sèche, bien trop certainement, et je m’en targuais fièrement, je n’avais jamais baissé la tête, ce ne serait pas maintenant que j’allais le faire. « Je vais bien, merci. J’allais encore mieux il y a quelques instants, pour tout te dire… »

Je m’interrompis brièvement après ces paroles mesquines et ma foi bien basses, chassant l’image des larmes qui me montaient aux yeux quelques minutes auparavant, repoussant le manque qui hurlait à l’intérieur de moi. J’allais très bien, qu’il en soit donc persuadé. Je ne lui retournai pas la question, je ne voulais pas savoir, je voulais simplement m’en aller, et cela le plus rapidement possible. Je reculai d’un pas, prudente, tout en le détaillant de la tête aux pieds. Je le voyais régulièrement dans les couloirs de Poudlard, faisant de mon mieux pour l’ignorer, mais c’était tristement différent de le croiser ici, et bon Dieu, il était culotté de venir me parler, comme si rien ne s’était jamais passé. Mon regard se fit plus noir, alors que je luttais encore contre mon envie de fuir.

« Que fais-tu ici ? Tu achètes des cadeaux pour… Pour qui, au juste ? »

Un sourire moqueur apparut sur mes lèvres, pour quelques instants du moins, jusqu’à ce que j’intercepte ce qu’il était en train de faire tout en parlant tranquillement. Je ne pus que reconnaître le petit sachet de médicaments qu’il m’avait si souvent glissé en douce, et je blêmis violemment lorsqu’il le posa dans la paume de ma main. Tétanisée, je baissai les yeux vers ma propre perdition, me faisant violence pour ne pas le mettre dans mon sac, m’obligeant à ne pas y plonger la main pour rendre la situation plus aisée à supporter. Son regard me rendait malade, je l’avais, lui aussi, vu trop de fois pour avoir été capable de l’oublier. J’avais envie d’hurler, mais aucun son ne daignait sortir de ma gorge, alors qu’il posait déjà sa main sur ma joue. Son contact me fit frissonner, et je reculai d’un pas, écartant sa main avant de plaquer violemment le cadeau qu’il venait de me faire sur son torse. Je le haïssais, Merlin, je le haïssais. J’aurais pu écorcher son beau visage, user mes ongles sur sa perfection, j’aurais pu créer un scandale en plein marché, je n’en avais plus rien à faire, de Noël, des sourires heureux, de toutes ces conneries qui n’étaient jamais assez.

« Je ne veux rien de toi, Nathanaël. Je ne veux pas de tes médicaments, je ne veux pas de tes paroles faussées, et je ne veux certainement pas de ta putain de proximité. »

Va-t-en. S’il te plait, va-t-en. Je ne pourrai pas partir, alors fais-le pour moi. S’il te plait. Et je le fixai, le regard noir, tremblante, incapable de tourner les talons. Je voulais l’abîmer dans sa fierté, je voulais lui faire mal, comme avant, et d’une certaine façon, je voulais qu’il me fasse mal, lui aussi. Or, c’était exactement pour cette raison que l’un de nous devrait partir. C’était exactement pour cela que je priais qu’il s’en aille. C’était exactement pour cela que je priais qu’il reste à mes côtés.
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Nathanaël C. Gemmell

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You will be my Christmas Present || Lullaby Vide
MessageSujet: Re: You will be my Christmas Present || Lullaby   You will be my Christmas Present || Lullaby EmptyVen 30 Oct - 15:38

    Il semblerait que je sois le grand méchant loup qui a enfin retrouvé son agneau, depuis trop longtemps éloigné du troupeau. Je ne te dévorerai pas ma chère, inutile de me craindre, je veux simplement te voir cesser ce jeu du chat et de la souris, car même si j'aime jouer, je préfère par-dessus tout remporter la partie, peu m'importe la manière. Je sais exactement quels sont les sentiments qu'éprouve Woodwolf à mon sujet, un mélange de haine et de mépris sans doute, mais avec un soupçon de doute. Elle n'a jamais réussi à se détacher entièrement de moi, et je m'en félicite d'ailleurs, car je ne l'aurais jamais accepté. J'accepte qu'elle veuille s'éloigner, je le comprends, mais je refuse qu'elle y parvienne, je l'en empêcherai, et je réussirai, comme toujours. Tu peux combattre Nathanaël Gemmell aussi longtemps que tu en éprouveras le besoin, mais jamais tu ne remporteras la partie.

    Lulla - Peut-être es-tu simplement bien trop défoncé pour parvenir à faire la distinction entre la réalité et tes désirs. Je vais bien, merci. J’allais encore mieux il y a quelques instants, pour tout te dire…

    Des paroles d'une telle bassesse ne devraient pas sortir d'une autre bouche que la mienne voyons, mais je ne peux pas résister à une telle répartie, d'autant plus quand je sais que tu ne parviendras jamais à me faire flancher, et que quoiqu'il arrive, je serai toujours gagnant. Je ne te récupèrerai peut-être pas aujourd'hui, mais tôt ou tard, tu me reviendras, je saurai être suffisamment patient pour y arriver. L'enjeu prend de l'ampleur, et un tel comportement ne peut que m'attirer encore plus. Je suis comme un enfant que l'on a osé priver de sa sucette, je refuse de me laisser faire, et j'userai de tous les moyens pour la récupérer, pour atteindre mon but, quitte à mentir, voler, manipuler, je finirai par l'avoir. Mais je dois tout de même avouer que si tu m'avais laissé faire sans te défendre, ce petit jeu aurait perdu de sa saveur, et je ne me serais pas rendu compte à quel point je désire que tu m'appartiennes.

    Nathanaël ne répondit rien aux paroles acerbes de sa camarade, se contentant d'afficher un sourire satisfait, ravi de voir que la fragile demoiselle qui obéissait à la moindre de ses attentes se rebellait enfin face à lui. Il se doutait que cela ne durerait pas, que ces propos qui se voulaient blessants n'était qu'une pathétique manière de se défendre de lui, de le repousser, mais cela n'avait aucun effet sur le Serdaigle. Le sourire de Lullaby et son sous-entendu moqueur n'eurent pour effet que de déclencher un rire amusé du jeune homme dont la réponse ne fit pas attendre. Elle reculait, cédait du terrain, le laissait reprendre son emprise, lentement mais sûrement, Gemmell voyait sa victoire se rapprocher... avant de s'éloigner immédiatement. Woodwolf pouvait bien le repousser, lui rendre le sachet de calmants, ce n'était qu'une défaite provisoire, qu'une réaction de désespoir qui ne durerait certainement pas.

    Lulla - Je ne veux rien de toi, Nathanaël. Je ne veux pas de tes médicaments, je ne veux pas de tes paroles faussées, et je ne veux certainement pas de ta putain de proximité.

    Ces paroles effacèrent le sourire du visage de Nathanaël, et son regard, qui n'avait jamais quitté celui de la Serpentard, était à présent insondable. Il ne brillait plus comme il avait pu le faire quelques secondes auparavant, mais il n'exprimait ni haine, ni colère. Le calme du jeune homme en étonnait souvent plus d'un, car il savait garder son sang froid dans n'importe quelle situation, que ce soit face à un danger imminent ou une personne haineuse prête à tout pour le faire souffrir. Il parvenait toujours à prendre ses distances par rapport aux évènements, mais ce n'était pas du courage, ni du mépris, ce comportement était en réalité le fruit de la destruction de tout sentiment que Nathanaël s'était appliqué à effectuer sur lui-même. Il voulait ne rien avoir à regretter, pouvoir détruire tout sur son passage sans que jamais son coeur ne l'en empêche. Et pourtant, Lullaby lui posait des problèmes, et des regrets s'immisçaient lentement dans son esprit, l'empêchant d'aller jusqu'au bout.

    La seule chose qui le faisait réellement rager intérieurement, c'était la facilité avec laquelle la jeune femme avait réussi à s'éloigner de lui, à trouver un autre homme pour subvenir à ses besoins. Du jour au lendemain, il était passé du statut d'indispensable à celui d'indésirable. Il n'était plus qu'une ombre qu'elle évitait dans les couloirs de Poudlard, et malgré tous ses efforts pour la faire revenir à lui, cela ne changeait absolument rien, elle se contentait de ce correspondant dont il connaissait seulement le prénom. Le sachet qu'il avait rattrapé en était une preuve de plus, qu'il la perdait sans pouvoir rien y faire. Mais Gemmell était incapable d'abandonner, de laisser les choses se faire sans réagir, les paroles de Lullaby n'y feraient rien, seule son obsession de la voir revenir vers lui comptait, quitte à user des moyens les plus bas, quitte à la faire souffrir, s'il lui fallait recommencer, il le ferait, elle ne lui échapperait pas.

    Nate - Ne me dis pas que ton cher Lemmy m'a remplacé dans ton coeur, je ne le croirais pas. Que t'apporte-t-il de plus Woodwolf? Dis-moi ce qu'il a de plus que moi à t'offrir.

    Inutile de me mentir, je sais qu'il n'est rien comparé à moi, qu'il ne pourra pas me remplacer éternellement à tes yeux, et que tu finiras par me revenir. Je te protègerai, à ma manière, ne tardes donc pas trop, car si tu oses t'éloigner plus longtemps, je te ferai souffrir comme je n'ai jamais fait souffrir avant. Tu connaitras des tourments que j'inventerai pour toi, et ma cruauté atteindra son paroxysme. Je suis patient, ma chère Lullaby, mais il y a des limites à tout, et je refuse que tu continues d'agir ainsi.

    Nate - Tu as besoin de moi Lullaby, ne le nies pas.

    Son regard affichait une soudaine douceur que l'on ne lui connaissait pas habituellement. Le manipulateur avide de savoir était-il réellement en train de dévoiler un coeur qu'on ne lui connaissait pas? Ou était-ce simplement une nouvelle stratégie de sa part pour récupérer celle qui le repoussait depuis plusieurs mois? Impossible de le savoir, mais le jeune homme fit un pas en avant, lui tendant sa main en attendant de voir si elle cèderait en l'attrapant ou si elle réussirait à le repousser et s'enfuir une fois de plus.
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Lullaby E. Woodwolf
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You will be my Christmas Present || Lullaby Vide
MessageSujet: Re: You will be my Christmas Present || Lullaby   You will be my Christmas Present || Lullaby EmptyLun 2 Nov - 18:36

J’avais l’impression de me perdre, comme tant d’autres fois. Je sentais sa présence, je la ressentais de l’intérieur, et j’en crevais à petits feux. Je savais ce qu’il désirait de moi, je le voyais dans son regard, dans sa manière de se comporter, il ne me cachait rien, il ne l’avait jamais fait – il n’en avait pas besoin. J’étais piégée, piégée dans mon propre corps, incapable de faire quoique ce soit, et surtout pas de courir loin de lui, surtout pas de disparaître totalement de sa vie. C’était une épreuve que je ne traverserai pas, j’en étais déjà certaine, malgré mon air détaché, malgré toute cette mise en scène. Il était peut-être maître en matière de manipulation, mais je le dépassais assurément lorsqu’il s’agissait de jouer avec les illusions. Je m’y baignais, m’y plongeais entièrement, m’y noyais parfois, et je savourais cette perte de contrôle, m’y enfonçant en espérant ne plus jamais en revenir. L’apocalypse des sens, le sursaut de l’âme, l’oxygène qui me manque, braver le champ de bataille, et revivre grâce à l’un de ces comprimés qui ne quittaient jamais mes côtés. Certaines fois, je me contentais de les observer, soudainement rassurée à l’idée qu’ils n’étaient pas loin, j’effleurais mon sac et je fermais les yeux, quelques instants, et je me calmais automatiquement. Mes angoisses étaient irrationnelles, et mon comportement s’y rapportait d’une façon étrange. J’avais parfois l’impression qu’elles n’étaient qu’illusoires, uniquement présentes pour rendre ma vie un peu plus palpitante, j’avais parfois l’impression de m’être trop profondément enfoncée dans le mensonge, et de ne plus savoir distinguer le vrai du faux. C’était lorsque je n’avais plus d’espoir, c’était lorsque je commençais à y croire, que la peur refaisait surface, la peur de ne plus avoir d’autres issues que celle de devenir folle, définitivement, sans retour en arrière, sans pouvoir fermer les yeux et oublier. Cette sensation au creux de mon ventre, tant j’étais terrifiée à l’idée de ne plus savoir reconnaître cette réalité que j’avais tant repoussée, que je ne pourrai jamais supporter. J’avais besoin d’une parcelle de vérité, quand bien même ce n’était pas la mienne, j’avais besoin de me reposer sur quelque chose de tangible, j’avais besoin de croire au réel pour mieux prêcher l’irréel, j’avais besoin d’une certaine sécurité, pour ne pas avoir à sauter dans le vide, les yeux fermés. Tu ne m’aurais après tout certainement pas rattrapée, te contentant d’observer ma chute sans même esquisser un geste. Je te haïssais pour ça, je te haïssais. Je haïssais ton sourire, ta démarche, tes pupilles éclatées qui voulaient tout dire. Je haïssais ta manière de te comporter, je haïssais nos souvenirs, toutes ces fois où je t’avais laissé me blesser. Je crois que je te haïssais d’une façon passionnée, sans limite et sans aucune raison. Rien n’aurait pu m’éloigner, si ce n’était moi-même, et cette conscience revenue me hanter. Je te haïssais, mon cœur se mourait pour toi, brûlant des flammes de l’impur, je te haïssais, et je ne parvenais pas à tout arrêter. J’entends tes murmures, j’entends tes soupirs, et l’amour est proche de la haine ; mais crois-moi, je n’aurais jamais pu t’aimer, je n’aurais jamais pu ne serait-ce que t’apprécier. Et je ne t’aimerai jamais, car tu ne seras rien d’autre que celui qui m’a brisée, un de plus, un de moins, vous vous ressemblez tous, à y perdre la tête, à laisser l’eau s’insinuer dans mes poumons, à en crever, une nouvelle fois, une dernière fois. Tu n’étais qu’une silhouette parmi tant d’autres, tu te mouvais dans la masse en silence, fin manipulateur, plus que les autres, et je te voyais de loin, j’oubliais de m’en aller, je te laissais gagner. Tout cela a changé. Je n’avais rien oublié. Tu avais représenté tout ce que je méprisais, au creux de mon ventre, un malaise nauséeux qui me poussait à ne jamais tomber trop bas, et je n’arrivais pas à t’aimer. Peut-être est-ce ça qui m’a sauvée. L’amour consume, ronge et abat. L’amour était pourri, bien plus nuisible que n’importe quel autre sentiment, l’amour contrôlait sa victime jusqu’à la laisser sans vie, agonisante, contemplant une existence qui lui avait échappé. La haine qui m’animait, elle, me donnait la force de reculer, de m’enfuir en courant, ne serait-ce que pour quelques temps. Tu m’avais sauvée, d’une étrange manière, tu étais responsable de tout ce gâchis, tu m’avais permis de m’en aller. Pourtant, quand j’aurais dû t’être reconnaissante, ma colère grandissait, face à toi, face à tout ce que tu n’avais pas été, tout ce qui aurait pu se passer. Tu avais tout détruit, doucement, sûrement, tu m’avais démolie, et j’étais partie. A cause de toi, grâce à toi, je ne savais pas. Cependant, j’étais là, et je bouillonnais, et tu souriais, Merlin, tu t’en moquais, c’était intolérable, plus douloureux encore que tout ce par quoi tu m’avais fait passer toutes ces années, c’était insupportable, et j’aurais juste voulu t’éliminer, te détruire, te voir me supplier. Mais on tuait par amour, mon cœur, et toi, je ne te considérais plus assez pour ça.

« Ne me dis pas que ton cher Lemmy m'a remplacé dans ton cœur, je ne le croirais pas. Que t'apporte-t-il de plus Woodwolf? Dis-moi ce qu'il a de plus que moi à t'offrir. »

Il avait été soufflé par mes agissements, pauvre garçon, tant habitué à ma soumission. Je lui adressai un sourire glacé, et je me mettais à aimer ce rôle qui me protégeait, cette bulle protectrice qui m’isolait, de lui, du bruit, du monde, et le temps se suspendait autour de moi, les gens semblaient s’être arrêté, une merveilleuse mise en scène pour un esprit dérangé. Je l’observais, et je voulais tellement, je brûlais de lui porter le coup de grâce, de rire et de m’éloigner, le laisser planter là, ne rien faire resurgir, une douce indifférence qui le ferait souffrir. Je voulais me montrer cruelle et sans pitié, je n’avais jamais été que trop sensible et empathique. J’étais une enfant paumée, peu sûre de ses tours, quand il était persuadé de parvenir à me récupérer. Et ma fierté protestait, se tordant et s’étouffant, me rendant malade, coincée une nouvelle fois entre deux issues possibles, et je restais là, la question s’insinuant dans mon crâne, me narguant, m’empêchant de lui trouver une réponse. Peut-être n’y en avait-il aucune, peut-être, après tout, tout cela n’existait pas, peut-être m’étais-je simplement évanouie au beau milieu du marché, et je me mettais à l’espérer, enfant paumée, innocence arrachée, folie retrouvée, et je n’étais plus qu’elle, cette insanité qui prenait toute la place, je ne vivais plus que par elle, et j’aimais ça, c’était plus simple, tellement plus aisé. Pourtant, je finissais toujours par poser les pieds à terre, m’arrachant la tête des étoiles pour quelques instants, confrontant ce que j’aurais voulu pouvoir oublier. J’observai son visage, l’assurance brillant dans ses yeux, la détermination qu’hurlait son expression, et je secouai la tête, doucement.

« Il ne s’agit pas de ce qu’il a de plus que toi, Nathanaël. Tu n’as rien compris. » J’inspirai doucement, fermant les yeux, me préparant à laisser les mots s’envoler, faussés, avec cette parcelle de vérité qui s’échappait malgré moi, quand bien même j’étais dès lors incapable de respirer correctement. « Il n’est pas question qu’il t’ait remplacé, il n’est pas question de ce qu’il peut m’offrir de plus… Car il n’a rien à m’offrir, si ce n’est une relation professionnelle et se dévouant simplement à l’échange argent-produit. Si étrange que cela puisse te paraître, il incarne la stabilité, il représente tout ce que tu t’es montré incapable de devenir. Il est ce que tu n’es pas, sur tous les points. Il ne te remplacera pas, il n’en a pas besoin… Il n’y a plus personne à remplacer, aucun vide à combler. C’est terminé. »

La sentence tombait, irrévocable, et pourtant tellement fragile que j’en manquais de m’écrouler, et je le confrontai, droite et silencieuse, à la recherche d’une étincelle de douleur au fond de son regard. Je cherchais probablement en vain ; cela faisait longtemps que j’avais compris qu’il ne ressentait pratiquement plus rien. Ainsi, je m’apprêtais déjà à être déçue, je m’apprêtais à le laisser m’achever à son tour, dans une lutte pour le pouvoir qui, des mois plus tard, ne semblait toujours pas s’être estompée. La différence, c’était que cette fois-ci, je n’avais rien à gagner à retomber dans ses bras. Chuter aurait été pure faiblesse, céder aurait été renoncer à toute fierté, à toute décence. J’en mourrais pourtant d’envie, laisser tout derrière moi, oublier, blottie contre lui, juste quelques temps, ne plus s’en faire de quoique ce soit, jusqu’à ce que la douleur reprenne ses droits.

« Tu as besoin de moi Lullaby, ne le nie pas. »

Son regard se faisait doux, je m’y perdis soudainement, pour quelques secondes seulement. J’entendais presque une supplique derrière ses mots, sans savoir si je l’imaginais ou si elle était réellement présente. Il me tendit la main, comme pour renforcer la tendresse que je voyais naître sur son visage, et j’eus une sorte de hoquet, fixant sa paume tendue vers moi comme le symbole d’un autre péché auquel je ne pouvais pas céder. J’étais terrifiée, incapable de mettre des mots sur son comportement nouveau. Je me rappelais des rares fois où il s’était montré plus affectueux, où son expression perpétuellement assurée avait flanché, rien que quelques secondes, ces rares instants où je m’étais sentie bien à ses côtés, et c’était à mon tour de douter, tandis que le silence s’éternisait. Finalement, d’un geste presqu’automatique, j’entremêlai ses doigts aux siens, redressant la tête, bouleversée. Je m’imprégnai de son visage, de tout ce que je n’avais plus vu de si près depuis longtemps, allant jusqu’à m’avancer d’un pas, comme si je laissais la méfiance de côté, comme si j’étais prête à replonger.

« J’avais besoin de toi, Nate. J’avais besoin de toi comme je n’avais jamais eu besoin de personne, je crois. » Un rire éraillé franchit mes lèvres tandis que je refoulais mes larmes, gamine éplorée, incapable de se contrôler. « C’est peut-être, d’une certaine façon, toujours le cas. Qui sait ? Mais la vérité, c’est que même si j’ai toujours besoin de toi, je ne te veux plus à mes côtés. Je n'ai rien oublié. Je ne t'ai pas pardonné, je ne me suis pas pardonnée. Et peut-être ne le ferai-je jamais. »

Et je lui lâchai la main, scellant ainsi mon destin.
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Nathanaël C. Gemmell

Nathanaël C. Gemmell

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MessageSujet: Re: You will be my Christmas Present || Lullaby   You will be my Christmas Present || Lullaby EmptyLun 16 Nov - 18:14

    Tout le monde pense généralement que l'être humain est prévisible, que ses réactions sont préprogrammées, c'est le principe même du conditionnement. Si une personne vous fait du mal de nombreuses fois, vous ne reviendrez plus la voir en pensant - pas forcément à tort - qu'elle recommencera de nouveau. Vous avez donc été conditionné à éviter la source qui vous apporte du malheur. Et même si cette source venait à changer, à comprendre que ses actes ont blessé, il faudra un certain temps que pour ce conditionnement disparaisse. C'était ce que Nathanaël ne semblait pas comprendre. Il faisait face à la personne qu'il avait le plus détruite dans toute sa vie, et il était toujours le même, cet enfoiré de dealer qui voulait récupérer une accro pour la faire sienne, mais pas seulement. S'il revenait sans cesse, c'étaient pour d'autres raisons bien plus profondes, qu'il ne voulait pas admettre. Seulement il était trop tard, le mal était fait, et les chances que Lullaby lui revienne étaient bien minces.

    Lulla - Il ne s’agit pas de ce qu’il a de plus que toi, Nathanaël. Tu n’as rien compris. Il n’est pas question qu’il t’ait remplacé, il n’est pas question de ce qu’il peut m’offrir de plus… Car il n’a rien à m’offrir, si ce n’est une relation professionnelle et se dévouant simplement à l’échange argent-produit. Si étrange que cela puisse te paraître, il incarne la stabilité, il représente tout ce que tu t’es montré incapable de devenir. Il est ce que tu n’es pas, sur tous les points. Il ne te remplacera pas, il n’en a pas besoin… Il n’y a plus personne à remplacer, aucun vide à combler. C’est terminé.

    Que répondre à cela? Habituellement, je ne suis pas quelqu'un que l'on pourrait qualifier de bavard, je n'use de mes paroles que lorsque j'ai l'occasion de placer une réplique qui touchera à coup sûr, qui fera réagir la personne en face ou la laissera sans voix, selon mes attentes, mais je ne me suis jamais retrouvé démuni face à un interlocuteur. Et pourtant, le vent semble tourner aujourd'hui. Si j'avais été suffisamment fort, j'aurais réussi à afficher un demi-sourire amusé, pour donner l'impression que je ne suis pas touché, que ces propos ne m'atteignent pas, et qu'elle n'a aucune importance pour moi, mais ce serait mentir à Lullaby, et ce serait me mentir. Je ne parviens pas à croire qu'après cinq années d'effort pour devenir la personne la plus détestable au monde cachée derrière un masque de sympathie et d'amabilité, je me retrouve démuni des deux. Je me contre-fiche de Lemmy et de ses drogues, tout ce qui m'importe, c'est cette relation que j'ai bousillé alors qu'elle avait l'importance, une importance que j'ai refusée, que je n'ai jamais voulu voir. Et voilà que maintenant, je ne compte plus aux yeux de la seule personne que je souhaiterais obtenir. Je ne veux plus détruire, je ne veux plus répandre le malheur dans le coeur des autres, ni dans le mien, ce que je veux, c'est un moment passé aux côtés d'une personne que j'aime, et qui m'a en réalité toujours détesté. Je ne sais plus quoi penser.

    Le regard posé sur la visage de Lullaby, évitant de se perdre dans celui de la Serpentard, Nathanaël garda la silence quelques instants, visiblement touché par les paroles de la jeune femme. Il restait impassible, semblait perdu dans ses réflexions, cherchant des réponses aux questions qu'il aurait dû se poser plusieurs mois auparavant. Mieux vaut tard que jamais, dit le dicton, mais que faire quand il est trop tard? Cette impression était si désagréable. Il n'avait pas vu le temps s'écouler, ne s'était pas rendu compte des erreurs qu'il avait commises, les choix qu'il avait fait n'avaient jamais été les bons, il aurait tant aimé remonter en arrière, reprendre son destin en main, prendre la bonne décision. Il était maintenant trop tard, il avait détruit des vies, volé l'innocence de personnes qui n'auraient jamais dû croiser son chemin, s'était condamné à une mort certaine en abusant de drogues en tout genre, et voyait les portes de l'enfer s'ouvrir devant lui. Tragique destinée que celle d'un petit garçon dont l'esprit avait été détruit par la cruauté de quelques hommes qu'ils ne connaissaient presque pas. Dans une ultime tentative, Gemmell afficha un regard doux à Woodwolf tout en murmurant quelques paroles qui furent durement accueillies.

    Lulla - J’avais besoin de toi, Nate. J’avais besoin de toi comme je n’avais jamais eu besoin de personne, je crois. C’est peut-être, d’une certaine façon, toujours le cas. Qui sait ? Mais la vérité, c’est que même si j’ai toujours besoin de toi, je ne te veux plus à mes côtés. Je n'ai rien oublié. Je ne t'ai pas pardonné, je ne me suis pas pardonnée. Et peut-être ne le ferai-je jamais.

    Une larme aurait pu couler sur la visage du Serdaigle si celui-ci ne s'était pas appliqué à refouler la tristesse chaque fois qu'elle se présentait à lui. Il avait tout perdu, l'avait réellement eue sans s'en rendre compte, puis elle s'en était allée sans qu'il ne la voit partir. Au fond, c'était mérité, il méritait de souffrir à son tour, ne voulait pas qu'elle le pardonne, car si elle le faisait, elle risquait de revenir vers lui, et d'avoir à nouveau affaire aux démons qui le possédaient depuis trop longtemps. Non, il ne changerait pas du jour au lendemain, c'était impossible de devenir un autre en à peine quelques heures. La prise de conscience n'était qu'un début, mais il n'y avait aucune certitude quant à savoir s'il allait l'approfondir ou non. Le seul et unique problème de Nathanaël en cet instant précis était de savoir ce qu'il allait faire. Elle venait de lâcher sa main, le laissant seul face à lui-même, mais il ne pouvait pas la laisser partir ainsi, même si, à ses yeux, c'était la meilleure chose à faire pour elle, ce n'était pas le cas pour lui. Il avait besoin d'autre chose de la part de la jeune femme, il avait besoin d'elle, tout simplement, et même si c'était entièrement égoïste, il ne pouvait pas agir autrement.

    La perfection n'existe pas, encore moins chez l'être humain. Nous commettons tous des erreurs, et finissons par nous en rendre compte un jour ou l'autre, à moins de fermer les yeux jusqu'à sa mort. J'avais décidé de ne rien voir, d'enchaîner les erreurs consciemment, les unes après les autres, tout en faisant comme si je n'en étais pas responsable, comme si un autre me guider, et qu'il me disait comment agir. Je me persuadais que c'était la bonne démarche à suivre, qu'il ne pouvait pas se tromper, qu'il ne pouvait pas mal me guider, et qu'il avait raison. Mais c'est moi qui avais tort. Je ne changerai pas, pas aussi facilement du moins, je n'en ai ni l'envie, ni la force. Les personnes que j'ai blessées ne me pardonneront pas si facilement mes péchés, jamais on ne donnera le bénéfice du doute au diable, même s'il vous assure qu'il s'est repenti et qu'il a décidé de changer. Et puis, au fond, j'ai aimé devenir une ordure, contempler ma chute et me laisser sombrer. Je me suis détesté, je me déteste toujours d'ailleurs, mais je réalise que j'adore me haïr.

    Nate - Mon orgueil et ma cruauté me hurlent de te blesser, de te laisser t'en aller en faisant tout pour que tu souffres comme tu n'as jamais souffert, mais mon coeur m'en empêche. J'ai été la pire des ordures avec toi, mais je ne peux plus continuer ainsi, je ne veux pas prendre le risque de te perdre définitivement.

    Sa voix était froide, ce dont on avait rarement l'habitude de la part de Gemmell. Son assurance qui ne le quittait pourtant plus depuis sa première année, semblait avoir été balayée en quelques secondes par le vent de décembre, qui l'avait emportée au loin. Il n'était plus le préfet de Serdaigle que tout le monde connaissait, il redevenait ce jeune garçon meurtri, que la cruauté de la vie avait blessé, et qui se retrouvait perdu sous un flot de sentiments tous aussi nouveaux les uns que les autres. Il aurait tant aimé reprendre le contrôle de la situation, afficher son sourire satisfait et narquois, la blesser de nouveau, user de ses charmes pour la faire sienne puis la laisser dépérir une fois de plus, mais il ne parvenait pas à le faire. Nathanaël voyait à présent ce temps perdu, ces vies détruites, et tout ça pour quoi? Pour exercer sa vengeance contre une personne qui l'avait blessé, et qui ne serait jamais touchée par le comportement qu'avait adopté le bleu et bronze. C'était stupide, immature, vil, malsain, irréfléchi, et terriblement humain. Plantant ses yeux bleus dans ceux de Lullaby, il prononça dans un souffle.

    Nate - Ne me laisse pas.

    Cela ne ressemblait en aucun cas à un ordre, mais ce n'était pas non plus une supplication. Jamais le jeune homme ne s'était senti aussi faible qu'en cet instant. Impossible pour lui de dévoiler ses sentiments, il en était tout à fait incapable, s'était jusqu'à présent fait la promesse de ne pas s'attacher aux personnes, de toujours les considérer selon le profit qu'elles pourraient lui rapporter, et voilà que maintenant, il voulait garder Lullaby pour une toute autre raison. Il voulait lui rendre le bonheur qu'il lui avait arraché, la voir sourire, et non pas grâce à ces saloperies de cachets, mais par simple bonheur, un bonheur que lui avait vu s'envoler plusieurs années auparavant, il trouvait enfin la solution pour se sauver, et cette solution, c'était de la sauver elle.
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